Un magasin sur trois disparaîtra
Cor Molenaar est professeur e-marketing à l’Université Erasmus à Rotterdam et un des orateurs du premier Retail Real Estate Congress, qui aura lieu le 20 mars et qui abordera la problématique de l’avenir de l’immobilier commercial. Le centre-ville l’emportera-t-il sur la périphérie ? Quel sera l’impact des nouveaux projets commerciaux ? Et les rumeurs alarmantes d’un taux d’inoccupation croissant deviendront-elles un réalité ?
Le point de vue du professeur sur la situation est sans équivoque : un magasin traditionnel sur trois disparaîtra d’ici quatre ans, affirme-t-il. Molenaar est convaincu de cette évolution : « Voyez la progression des achats en ligne aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Il n’y aucune raison de penser que chez nous, les choses évolueront différemment. Pourquoi irait-on encore au magasin si on a la possibilité de passer commande installé confortablement dans son fauteuil ? »
Un retard pour mieux se rattraper ensuite
Certes, la Belgique et les Pays-Bas ont un retard quant à la transition des achats traditionnels vers les achats en ligne, « mais cela nous donne l’occasion de tirer des leçons des erreurs des pionniers », affirme Molenaar. Un retard qui nous permettra donc de mieux nous rattraper ensuite.
Les magasins qui souhaitent survivre à la révolution commerciale, devront s’adapter. « Ils seront obligés de miser davantage sur le vécu en magasin, en adaptant l’ambiance, la musique, l’éclairage, en utilisant des animations vidéo et en proposant éventuellement un café et un gâteau à la clientèle. Les heures d’ouverture devront également être élargies. »
Même en enrichissant le vécu en magasin, le format du point de vente pourra être réduit. Il n’est plus nécessaire d’exposer l’offre complète dans le magasin. Via des écrans internet, le client pourra visionner la collection dans son entièreté en magasin et commander exactement ce qu’il désire.
Molenaar : « De plus, les clients peuvent être suivis dans le magasin via le signal de leur smartphone. Ainsi, on pourra leur faire parvenir automatiquement des offres qui répondent à leurs préférences personnelles ; ce qu’on pourrait appeler des ‘location based services’. Les commerçants devront également faire en sorte que les clients qui se trouvent dans le point de vente, soient connectés à leur plate-forme de vente électronique où ils pourront placer leurs commandes, qui devront ensuite être livrées très rapidement. »
L’occasion de stimuler le shopping en centre-ville
Cette évolution vers un vécu en magasin plus riche est l’occasion pour les pouvoirs publics de stimuler le shopping en centre-ville. « Certainement en Belgique et aux Pays-Bas, qui comptent de nombreuses villes très agréables. »
Dans cette optique les magasins en périphérie auront la vie dure. Quiconque opte pour le vécu en magasin, ne s’orientera pas vers ce type de magasin. Selon le professeur, leur attractivité en pâtira. « De nombreux magasins le long des grands axes routiers disparaîtront probablement », conclut Molenaar.
Traduction : Laure Jacobs