Louer des vêtements plutôt que les vendre : de grands détaillants comme H&M ont déjà franchi le pas. En Belgique, le petit venu Rent Your Look gagne du terrain : « Je veux faire changer la mentalité des consommateurs. »
Lutter contre la surconsommation
Nathalie Williame de Rent Your Look est comptable de profession, mais elle a récemment découvert sa véritable passion, la location ou le leasing de vêtements : « J’ai découvert le concept en France et j’ai été immédiatement séduite parce que je suis moi-même quelqu’un qui n’aime pas dépenser de l’argent dans les vêtements. »
Le service de location français Le Closet, par exemple, voit dans le modèle de l’économie partagée une solution pour lutter contre la surconsommation. À Bruxelles, des boutiques comme Jukebox et Coucou s’y sont déjà mises. Et même le géant de la mode H&M a passé le cap : le détaillant teste un service de location dans un magasin pilote à Stockholm et se lance également dans des vêtements de seconde main avec la plateforme Sellpy, récemment lancée au Pays-Bas également.
Utilisation avant consommation
L’entrepreneuse Nathalie Williame avait déjà travaillé à l’élaboration d’une « garde-robe capsule », une garde-robe minimaliste qui comprend une trentaine de vêtements de base à porter toute l’année. « Toutefois, le plaisir, la variété et le regain d’énergie insufflé par l’acquisition régulière de nouveaux vêtements m’ont manqué. Et j’ai pu retrouver une expérience entièrement satisfaisante avec le leasing de vêtements. J’ai constaté la faible présence d’acteurs belges sur le marché, et cela m’a donné l’occasion unique de lancer ma propre entreprise de location de vêtements. »
L’objectif est de lutter contre la mode rapide. « Les vêtements sont devenus de véritables produits de consommation », explique Nathalie. « On porte ses vêtements une ou deux fois, puis ils disparaissent dans le fond de l’armoire, atterrissent dans une boutique d’occasion ou finissent tout simplement à la poubelle. Avec la location de vêtements, je veux faire primer l’utilisation sur la consommation. »
Cela permet non seulement de réduire la quantité de déchets, mais aussi de promouvoir des achats de vêtements plus conscients », poursuit-elle. « Les consommateurs peuvent porter des vêtements sans devoir les acheter, leur faire une place dans leur armoire ou prendre du temps pour les revendre en occasion par la suite. »
Formule d’abonnement
Le concept de Rent Your Look repose sur un système d’abonnement, par lequel les clients reçoivent à domicile une boîte contenant un certain nombre de vêtements ou d’accessoires, selon la formule choisie. « Vous portez les pièces comme si elles étaient à vous. Si vous voulez les garder, vous avez toujours la possibilité de les acheter. Sinon, vous les renvoyez, et je préparerai une nouvelle sélection tout au long de la période de validité de l’abonnement. »
Nathalie est l’une des premières à lancer ce concept en Belgique. « Bien sûr, des entreprises louaient déjà des vêtements, mais seulement pour des occasions spéciales comme les mariages. Pour ce qui est de la location de vêtements pour un usage quotidien, je suis l’une des seuls dans le pays. »
Groupe cible jeune
La location de vêtements ne limite pas seulement la réduction de l’empreinte carbone. Elle limite également les dépenses personnelles. « Vous pouvez porter beaucoup plus de vêtements pour le même prix. Chez Rent Your Look, vous pouvez par exemple prendre l’abonnement le moins cher de trente-cinq euros, qui vous permet de louer trois pièces. Pour ce prix-là, vous ne pouvez pas en acheter trois. Même en seconde main, vous ne trouverez jamais trouver trois pièces de qualité. »
Nathalie diffuse toutes ses promotions sur les réseaux sociaux. Elle publie toutes sortes de messages ou d’articles sur Instagram pour expliquer aux futurs clients en quoi consiste le concept de location de vêtements et quels sont ses avantages. « Mon objectif ultime est de faire changer la mentalité des consommateurs. Les consommateurs doivent avoir conscience que le secteur de la mode est une industrie très polluante et que louer des vêtements plutôt que les acheter fait une grande différence pour lutter contre la pollution de notre planète », déclare Nathalie.
Sa particularité est qu’elle convainc principalement les jeunes de se tourner vers ce concept de mode relativement peu connu. « Les personnes de plus de cinquante ans ont moins tendance à louer des vêtements, elles veulent en acheter. Probablement dans une espèce de recherche de prestige », pense-t-elle.