La justice italienne a placé une filiale de Dior sous surveillance judiciaire en raison d’allégations d’exploitation de la main-d’œuvre. Des enquêtes sur les conditions de travail dans l’industrie de la mode en Italie visent également Armani et une douzaine d’autres maisons de couture.
« Made in Italy »
Plus de la moitié (50 à 55 %) des produits de luxe fabriqués dans le monde sont produits par de petites usines en Italie, principalement en Toscane ou autour de Milan. Mais en pratique, les choses sont bien différentes de l’image idyllique que cette description évoque. Il s’agit souvent d’entreprises créées par des Chinois, qui emploient des migrants (illégaux) dans des conditions parfois pénibles, comme l’ont également découvert les inspecteurs italiens.
Une branche de LVMH, chargée de la production des sacs à main Dior, vient d’être placée en curatelle par un tribunal de Milan. Chez quatre sous-traitants de la marque, il a été constaté que certains travailleurs (dont neuf sur 32 n’étaient pas en règle avec leur permis de séjour) devaient dormir sur place pour faire tourner les ateliers 24 heures sur 24, y compris la nuit et les jours fériés. Et ce, dans des conditions d’hygiène et de santé déficientes. Ainsi, les fournisseurs pouvaient facturer 53 euros pour un sac à main vendu par Dior à 2 600 euros.
Abus structurels
Cette année, la justice italienne a également placé une entreprise de Giorgio Armani sous surveillance judiciaire. Cette mesure permet aux entreprises de mettre de l’ordre dans leurs affaires sans devoir cesser leurs activités. Si l’entreprise peut prouver de manière concluante qu’elle est en règle, le tribunal lèvera la surveillance. LVMH et Armani ne seront cependant pas jugés, seuls les fournisseurs en question seront accusés d’exploitation.
Pendant ce temps, l’enquête italienne se poursuit sur une douzaine d’autres acteurs de l’industrie de la mode. Pour ne pas compromettre l’enquête, aucun nom n’est cité. Après tout, les abus ne sont pas « quelque chose de sporadique dans des parties de production individuelles, mais une méthode de production générale et consolidée », selon un document que Reuters a pu consulter.