(Mise à jour) Si cela en dépendait des syndicats, la famille De Sutter sera le nouveau propriétaire d’e5 Mode. Mais Colruyt Group et la société danoise BTX ont décidé de s’associer. C’est désormais au tribunal qu’il revient de trancher.
Business plan crédible
Aujourd’hui, les candidats à la reprise de e5 Mode ont été autorisés à défendre une dernière fois leur dossier devant le tribunal d’entreprises, qui doit maintenant prendre sa décision. Les syndicats ne cachent pas leur préférence. L’offre de la famille De Sutter, soutenue par le fonds public Gigarant et un industriel flamand, n’est peut-être pas la plus élevée, mais cette famille qui a fait fortune dans le textile promet de garder 90% des employés à bord.
« Grosse modo, ils veulent continuer avec l’e5 actuelle, ils ont un business plan crédible et ils ont le capital requis », a expliqué un porte-parole d’ACV Puls. Même si le capital en question a failli être remis en cause in extremis quand Christian Bultiauw a décidé de ne pas adhérer au projet : le dossier prévoyait en effet une participation importante pour l’homme d’affaires belge quand ce dernier a finalement renoncé. Le vendredi matin, un nouvel accord étant cependant signé avec un autre « grand acteur de l’industrie flamande ».
Confiance
Le syndicat socialiste BBTK rappelle également que seul De Sutter a contacté les syndicats, alors que les deux autres candidats (Grow Capital via la filiale danoise BTX et Colruyt Group) n’ont pas encore tenu de concertations sociales. En outre – toujours selon BBTK –, si De Sutter ne peut pas relancer e5 Mode comme prévu, des emplois sont également menacés chez les fournisseurs.
Les syndicats ont également exprimé de nombreuses critiques concernant l’offre de BTX et de sa société mère, Grow Capital. ACV Puls déclare n’avoir aucune confiance : « ils ne peuvent même pas présenter de plan à long terme ». Il est vrai que les seules autres activités de BTX dans le retail se limitent à deux modestes magasins dans le nord des Pays-Bas.
« Procédure malhonnête »
Bart Leybaert, secrétaire syndical à la BBTK, va encore plus loin et qualifie l’ensemble de la procédure de malhonnête dans les colonnes du Standaard. L’offre de Grow Capital aurait été précédemment qualifiée de « peu ou pas acceptable » par les mandataires judiciaires, car trop basse : les Danois ne proposaient qu’un demi-million d’euros pour l’ensemble des stocks et 27 baux commerciaux. Or les seuls stocks vaudraient déjà 1,5 à 2 millions d’euros. De plus, un élément manquait en récemment au dossier : il aurait abouti dans le courrier indésirable.
Cependant, l’offre de BTX est désormais indissociablement à celle du troisième candidat, Colruyt. Les deux plans permettraient de réunir 3 millions d’euros et de donner un avenir à 43 magasins, mais ils ne sauveraient qu’environ 120 emplois. Colruyt Group veut cependant créer une cellule d’emploi spéciale pour permettre à des collaborateurs d’e5 Mode de pourvoir aux postes vacants dans le groupe de supermarchés. En outre, BTX veut organiser une liquidation générale de quelques mois, y compris dans les 16 magasins sur lesquels Colruyt fait une offre. La décision est attendue jeudi.