Selon l’agence de notation Moody’s, le secteur de la mode est l’un des plus durement touchés par la crise du coronavirus. Dans les magasins de vêtements, la collection printemps attend derrière les portes closes alors que les livraisons se sont arrêtées ou que l’argent vient à manquer pour les commandes d’automne.
L’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en danger
Alors que mars et avril sont normalement des mois importants pour la vente de la collection printemps, le secteur de la mode perd aujourd’hui la quasi-totalité de ses revenus au niveau international. Le commerce électronique ne permet pas d’absorber suffisamment les pertes du chiffre d’affaires, c’est ce que rapporte, entre autres, Creamoda, la fédération belge des fabricants de vêtements. L’avenir reste effectivement très incertain et la confiance des consommateurs est également en train de s’effriter.
En même temps, la crise du coronavirus secoue également toute la chaîne d’approvisionnement. Après les problèmes d’approvisionnement en Chine, la production peut y reprendre, mais les clients et les marchés occidentaux sont désormais paralysés. Les grands lancements du secteur sont annulés, les usines sont mises à l’arrêt et la fermeture actuelle de plus en plus de frontières entraine aussi des problèmes logistiques pour les importations et les exportations.
En Europe, les maisons de mode telles que Gucci, Chanel et Hermès maintiennent la fermeture de leurs usines en France et en Italie en raison du lockdown, tandis que d’autres marques consacrent une partie de leur chaîne de production à l’économie du coronavirus. Par exemple, le label belge Xandres fabrique actuellement des masques pour les hôpitaux.
D’importantes réductions déjà en ligne
Lorsque les consommateurs recommenceront à faire du shopping, les collections printemps actuelles seront dépassées et les commerçants se retrouveront coincés avec des stocks invendables. C’est exactement pour cette raison que la société mère de Zara, Inditex, a déjà réservé une partie du bénéfice de l’année dernière pour permettre un amortissement des stocks, qui devront probablement être vendus avec d’importantes réductions.
Afin de sauver ce qui peut l’être, plusieurs détaillants de mode proposent déjà des réductions importantes dans leurs boutiques en ligne. C’est ainsi que la chaîne belge multimarque, ZEB, lance une action « nettoyage de printemps » en ligne, avec des promotions allant jusqu’à -50 %. Ce n’est pas surprenant, puisque Burberry prévoit que le chiffre d’affaires de ce mois de mars pourrait être jusqu’à 80 % inférieur à la normale. Au cours de ces six dernières semaines, la marque britannique a réalisé 50 % de ventes en moins.
« C’est une saison complète qui tombe à l’eau », déclare la Fédération belge de la mode, Creamoda. En effet, de nombreux magasins annulent leurs commandes ou n’ont bientôt plus les moyens de payer leurs fournisseurs. Plusieurs grands distributeurs commencent donc à négocier la réduction des loyers avec les propriétaires de leurs espaces de vente ou à demander un allongement du délai de paiement à leurs fournisseurs.