Shein, le géant chinois de la mode qui est en train de dépasser H&M et Inditex, souhaite entrer en Bourse aux États-Unis. Pour y parvenir, il devra cependant lancer une offensive de charme et éliminer certaines pratiques très discutables.
Plus grand que H&M
C’est peu dire que Shein est une étoile montante au firmament de la mode. La licorne a réalisé un chiffre d’affaires de 23 milliards de dollars l’an dernier, ce qui représente une croissance de 46 %. C’est déjà plus que les 22 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel de H&M (converti) et une croissance sans précédent sur un marché de la mode en proie à une flambée inflationniste. Shein vise même un chiffre d’affaires de 59 milliards de dollars à l’horizon 2025.
Le groupe, qui a levé 2 milliards de dollars de fonds de croissance il y a tout juste un mois, souhaite à présent entrer en Bourse cette année. Mais les autorités américaines sont plutôt réticentes, affirme Reuters. Dans le contexte de la guerre commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis, le spécialiste de l’ultra-fast-fashion doit d’abord faire preuve de la transparence requise.
Coton ouïghour
La première pierre d’achoppement est la manière dont Shein expédie des millions de colis vers les États-Unis sans payer de taxe. En raison de la faible valeur des commandes (la valeur moyenne d’une commande est estimée à 80 euros), ces colis échappent en effet aux droits d’importation, mais aussi, par ricochet, aux contrôles des douanes sur la contrefaçon.
Le coton du Xinjiang constitue une deuxième pierre d’achoppement majeure, car la Chine imposerait du travail forcé aux populations musulmanes de la région dans des « camps de rééducation ». Les États-Unis interdisent donc tout coton en provenance du Xinjiang et les autorités américaines veulent s’assurer avant l’introduction en Bourse que Shein n’utilise ni du coton défendu, ni des travailleurs forcés. L’entreprise a déjà répondu qu’elle utilisait principalement des tissus synthétiques, mais n’a pas donné plus d’informations sur les conditions de production.
Usines au Mexique et au Brésil
Des reportages en caméra cachée ont déjà révélé des abus dans les usines de l’entreprise. Shein a certes nommé un responsable du développement durable et affirme surveiller les conditions de travail, mais l’entreprise chinoise reste beaucoup moins transparente que ses concurrents en matière de développement durable et de chaîne logistique. C’est le troisième point d’achoppement sur lequel insistent tout particulièrement de nombreuses ONG.
Pour parer aux critiques, Shein a décidé de s’éloigner de la Chine. La première mesure notable prise par l’entreprise a été de transférer sa société faîtière à Singapour. Un siège supplémentaire sera bientôt établi en Irlande. En outre, le fabricant de vêtements est en train d’ouvrir des sites de confection au Mexique, au Brésil et peut-être en Inde, quitte à rogner sur des marges déjà très réduites.
Le géant de la mode compte ensuite engager un responsable de la logistique et un responsable de la lutte contre le blanchiment aux États-Unis, selon Reuters. Reste à savoir si cela suffira à calmer les esprits.