(Update) Le groupe de luxe LVMH ne reprend pas le joaillier Tiffany’s : le groupe de Bernard Arnault rompt l’engagement de plusieurs milliards de dollars, soi-disant pour soutenir le gouvernement français. Une bataille juridique acharnée est ouverte.
La politique s’en mêle
Suite à la crise du coronavirus, LVMH a perdu tout intérêt pour Tiffany’s, la chaîne de joaillerie, dont le rachat l’année dernière signait la plus grosse acquisition de son histoire. Pour la société mère de Louis Vuitton, l’accord de quatorze milliards d’euros ne peut pas avoir lieu, rapporte Reuters. Le mois dernier, les deux entreprises avaient pourtant annoncé poursuivre leur engagement, certes avec trois mois de retard.
Cependant, LVMH a demandé une nouvelle extension : le groupe de luxe affirme avoir pris connaissance d’une lettre du ministère français des Affaires étrangères demandant de différer l’acquisition de Tiffany & Co au-delà du 6 janvier 2021, en réaction à la menace de taxes supplémentaires sur les produits français formulée par le président américain Donald Trump. Par conséquent, le gouvernement français serait actuellement peu favorable à un accord franco-américain pesant plusieurs milliards de dollars.
« En violation des obligations patriotiques »
Cette demande aurait été rejetée par le joaillier américain, ce pourquoi la société du multimillionnaire Bernard Arnault déclare aujourd’hui « ne pas être en mesure de mener à bien l’acquisition de Tiffany & Co ». Tiffany a immédiatement intenté un procès pour contraindre LVMH à respecter l’accord, accusant le groupe français d’avoir délibérément et injustement retardé la transaction. Les avocats rejettent également l’argument selon lequel LVMH peut échapper à la reprise si celle-ci « entre en conflit, de quelque manière que ce soit, avec ses obligations patriotiques en tant que société française ».
Avant le patriotisme, la principale raison de faire sauter l’accord serait plutôt les dégâts économiques causés par la crise coronavirus. L’industrie du luxe est confrontée à une baisse du chiffre d’affaires sans précédent après une décennie de croissance spectaculaire, avec une baisse des revenus qui devrait atteindre 35% cette année. Il faudra attendre 2022-23 avant que le chiffre d’affaires ne revienne au niveau de 2019, estime le cabinet de consultance Bain.
Mise à jour : LVMH admet maintenant volontiers ces motifs économiques , puisque la société de luxe annonce qu’elle va à son tour poursuivre Tiffany & Co en justice. Tiffany vise un procès depuis longtemps, le propriétaire de Vuitton s’indigne, mais cela n’est pas fondé : le vendeur de bijoux aurait été mal géré pendant la crise du coronavirus et se voit accusé de pratiques déloyales. Les perspectives de la marque américaine seraient également très décevantes.