Le groupe de luxe français LVMH a réalisé une année record : le bénéfice en hausse de pas moins de 21% a atteint pour la première fois le cap des 10 milliards d’euros. Comment ? En misant sur l’exclusivité.
La barre des 10 milliards d’euros de bénéfice atteinte
Pourquoi craindre la montée du discount ou la guerre commerciale sino-américaine ? Visiblement LVMH ne s’en inquiète pas : l’an dernier le groupe de luxe français, propriétaire de 70 marques, dont Bulgari, Louis Vuitton et Moët & Chandon, a vu son chiffre d’affaires progresser de plus de 11% à 46,8 milliards d’euros, soit près de deux fois plus que la moyenne du marché mondial.
Et les bénéfices du groupe sont encore plus impressionnants : le bénéfice brut a atteint un niveau record de 10 milliards d’euros. Ainsi la marge opérationnelle s’est élevée à 21,4%, en hausse de 1,9 point de pourcentage par rapport à l’année auparavant. Quant au bénéfice net, il s’est établi à 6,35 milliards d’euros, soit une hausse de 18%.
Une politique basée sur les hausses des prix
La division mode et maroquinerie – qui représente un tiers du chiffre d’affaires du groupe – a réalisé d’excellentes performances en 2018 : le chiffre d’affaires y a augmenté de 21% à 4,9 milliards d’euros. Louis Vuitton, marque phare de cette division, est « en pleine ascension, mais une ascension contrôlée et sélective », souligne le PDG Bernard Arnault. Pour suivre ce rythme élevé Louis Vuitton ouvrira quatre ateliers supplémentaires en 2019.
Sélectif et exclusif, deux mots qui résument parfaitement la stratégie à succès du holding français. Dans le rapport annuel du groupe, Arnault rappelle fièrement que Louis Vuitton est la seule maison de mode à ne pas organiser de soldes, ni de liquidations. Le PDG considère la politique de hausses de prix comme l’un des facteurs de croissance.
Guerre commerciale et gilets jaunes
Jusqu’à présent LVMH ne semble pas encore avoir souffert de la guerre commerciale sino-américaine. « Nous ne constatons pas de signes spécifiques de ralentissement sur le marché chinois. Le marché voit le verre à moitié vide, alors que nous voyons le verre à moitié plein », commente le CFO Jean-Jacques Guiony.
Même le mouvement des gilets jaunes n’a pas eu de véritable impact sur LVMH : bien que certains samedis les magasins français aient dû fermer plus tôt que prévu, les clients aisés ont tout simplement fait leur shopping le dimanche. Durant le dernier trimestre de l’année, ô combien important, le groupe a d’ailleurs maintenu sa croissance sur quasi tous ses marchés : la région asiatique (hormis le Japon) a vu son chiffre d’affaires progresser de 15%, l’Europe de +7%, tandis qu’aux Etats-Unis la croissance s’est ralentie à 5%.
Pour 2019 LVMH se montre optimiste, tout en restant prudent : le groupe évoque un avenir incertain et commence à constituer d’importants stocks pour la Grande-Bretagne en cas de Brexit sans accord. Une réserve de quatre mois de champagne et de cognac est déjà en stock pour le Royaume-Uni.