Les Petits Riens (ou Spullenhulp en néerlandais) ont ouvert un magasin à Louvain ce week-end. C’est la première fois qu’ils s’implantent en Flandre après une tentative infructueuse il y a plus de dix ans. Mais aujourd’hui, les cartes sont favorables, selon le directeur commercial Stephan Bartholomeus.
Pas de petits riens
La seconde main est particulièrement à la mode. Les Petits Riens/Spullenhulp en profitent, entre autres, pour se lancer dans une nouvelle traversée de la Flandre. L’asbl a déjà eu un magasin à Anvers, mais il était moins bien situé et n’a pas rencontré le succès escompté. Fort de sa longue expérience dans le retail, le directeur commercial Stephan Bartholomeus souhaite désormais changer la donne. L’ancien directeur de magasin chez MediaMarkt, Carrefour et Brico vise même à terme une dizaine de magasins en Flandre.
À Louvain, Les Petits Riens se trouvent désormais sur la Bondgenotenlaan. Volontairement sous ce nom français, car ‘Spullenhulp’ ne fait plus le poids. Ceux qui s’y aventurent découvrent une boutique fraîche et colorée, avec de la musique pop alternative, des vêtements branchés et, en plus de la seconde main, sa propre marque d’upcycling Label Jaune, où un atelier de couture interne fabrique de nouveaux vêtements et accessoires à partir d’objets collectés.
Anvers et Gand en 2024
« Les ventes de seconde main servent à financer nos entreprises sociales », explique Bartholomeus. L’organisation, vieille de plus de 75 ans, gère à Bruxelles des centres d’hébergement pour les sans-abri, les jeunes et les familles monoparentales. Un nouveau centre de jour ouvrira ses portes à la fin de l’année. En outre, Les Petits Riens réinsèrent des personnes sur le marché du travail, y compris dans ses propres magasins. Le magasin de Louvain, par exemple, comptera deux employés permanents (un responsable de magasin et un assistant), complétés par des employés en emploi social et des bénévoles.
À court terme, Bartholomeus souhaite ouvrir 4 à 5 magasins en Flandre. Si Louvain devient un succès – le directeur commercial n’en doute d’ailleurs pas – deux autres magasins pourraient s’ajouter l’année prochaine, de préférence dans les rues commerçantes d’Anvers et de Gand. Le deuxième pourrait déjà suivre en mars ou avril 2024. Ensuite, le Limbourg et un magasin en Flandre occidentale sont en vue. Louvain était le premier choix pour des raisons logistiques (facilité par rapport à la Belgique francophone), mais Les Petits Riens y voient aussi le groupe cible qu’ils veulent atteindre : les étudiants et les consommateurs dynamiques et conscients.
Segmentation en 8 000 tonnes
« La croissance concerne les clients éthiques et respectueux de l’environnement, qui souhaitent donner une seconde vie aux vêtements et sont également sensibles à l’aspect social. C’est un public qui augmente énormément aujourd’hui. » En effet, ce sont ces consommateurs qui font que Les Petits Riens, comme la mode d’occasion en général, se développent beaucoup plus vite que le commerce de la mode classique. Le revenu (« pour nous, c’est du revenu pour les causes sociales, pas du chiffre d’affaires ») augmente de 10 à 15 % par an à périmètre constant.
Cela signifie que Les Petits Riens sélectionne et segmente de plus en plus. L’apparence des Petits Riens dépend de l’endroit où ils se trouvent : branchés ou sociaux. Dans certains quartiers de Bruxelles, par exemple, les magasins conservent leur fonction de troc et les produits sont proposés à des prix très bas. Différentes catégories sont ainsi sélectionnées parmi les 8 000 tonnes de textiles que l’organisation collecte chaque année. À noter que sur ces 8 000 tonnes, 20 % sont destinées aux magasins, 40 % au recyclage et environ 30 % à l’exportation.
Sans commerce électronique
Les Petits Riens ne sont pas encore convaincus par le commerce électronique. « Pour la seconde main, l’expérience physique reste importante. La qualité des produits se transmet mieux en magasin, tout comme l’expérience d’achat et le contact avec le client que nous souhaitons. D’un point de vue opérationnel, la situation est également complexe pour les produits de seconde main. Je ne pense pas que nous nous lancerons dans la vente en ligne de sitôt. »
Dans dix ans, Bartholomeus espère avoir une dizaine de magasins en Flandre. En outre, l’organisation souhaite s’intégrer verticalement en se lançant elle-même dans le recyclage. Tout cela pour continuer à renforcer les entreprises sociales, souligne le directeur. « La part de marché de la seconde main deviendra significative dans les dix prochaines années. Mais j’espère alors que les acteurs ayant une vocation socio-économique pourront maintenir leur position et que tout ne sera pas en mains des acteurs privés. »