L’enquête judiciaire sur FNG s’accélère. Le domicile de Jos Sluys a également été perquisitionné, alors que les enquêteurs ciblent d’autres actionnaires et conseillers. Qui est encore dans le collimateur de la Justice, et qu’en est-il des nombreux indices menant aux Pays-Bas ?
Les grands actionnaires sous la loupe
Alors qu’Elke Janssens, l’avocate de la maison, a déjà reçu la visite des enquêteurs, l’enquête se poursuit dans le dossier FNG. Une perquisition aurait également été effectuée chez l’investisseur Jos Sluys, qui a proposé à l’ancien CEO Dieter Penninckx des fonds pour financer à la fois les acquisitions réalisées par FNG aux Pays-Bas (Miss Etam, Expresso, e. a.) et la reprise du club de football de Malines. Jos Sluys a sauté dans la brèche quand les banques n’ont pas osé, rapporte De Standaard.
Entre-temps, le parquet d’Anvers a confirmé à De Tijd qu’une dizaine de perquisitions avaient déjà été effectuées dans l’affaire. Selon le Standaard, le juge d’instruction Theo Byl vise actuellement les investisseurs directs du groupe en faillite. Et notamment Kristoff Sel, dont l’implication avait déjà été passée au crible par la FSMA, l’autorité de surveillance des marchés boursiers, avant qu’elle transmette le dossier au parquet en juillet.
L’enquête se concentre sur les 94 millions de dollars hongkongais disparus au sein de la plate-forme d’achat de FNG. Kristoff Sel a joué un rôle important dans cette centrale d’achat, mais était aussi un actionnaire assez mystérieux du groupe coté en Bourse. Il a par exemple détenu quelque 11 % des actions de FNG pendant une très courte période entre juillet et fin novembre 2018. Sa participation dans le holding de mode s’est ensuite soudainement réduite de moitié. L’utilisation de sociétés en commandite opaques dans les transactions réalisées avec la plate-forme d’achat a également contribué aux points d’interrogation qui ont finalement conduit à l’amortissement de 94 millions d’euros de créances « douteuses », incomplètes et floues.
Le conseil d’administration a-t-il reçu « d’autres faits » ?
Qui dit Kristoff Sel dit inévitablement le Néerlandais Rens van de Schoor. Architecte majeur de l’expansion du groupe aux Pays-Bas et de l’introduction en bourse inversée de FNG à Amsterdam, Rens Van de Schoor n’était pas seulement le propriétaire initial de la succursale hongkongaise de la centrale d’achat, il aurait également été un personnage central dans les transactions boursières qui auraient coûté quelque 25,2 millions d’euros au groupe de mode: FNG s’est en effet empressé de racheter 1,4 million d’actions propres qui ont rapidement perdu la moitié de leur valeur. On ne sait pas encore dans quelle mesure l’enquête judiciaire s’étendra au niveau international et notamment aux Pays-Bas.
Quatre personnes sont actuellement inculpées : Elke Janssens et le trio fondateur Anja Maes, Dieter Penninckx et Manu Bracke. Mais seuls les trois fondateurs ont été arrêtés et libérés sous conditions strictes. Après qu’Anja Maes et Dieter Penninckx ont violé « plusieurs » de ces conditions, le couple a été à nouveau arrêté vendredi dernier. Dieter Penninckx devra rester en prison pendant un mois, alors qu’Anja Maes a été placée sous surveillance électronique. Les deux peuvent cependant faire appel.
L’(ancien) conseil d’administration n’a pas encore été entendu dans le dossier, a confirmé à De Standaard Gino Van Ossel, professeur à la Vlerick. On lui aurait soumis des « faits » différents de ceux qui remontent aujourd’hui à la surface, affirme encore Gino Van Ossel, qui siège au conseil de surveillance du groupe en qualité d’administrateur indépendant. « Nous ne savions pas qu’il n’y avait plus d’argent », poursuit-il. « Sur la base des faits connus du conseil d’administration, nous avons fait les bons choix. »
Champ libre aux Pays-Bas
On constatera aussi que la (deuxième) arrestation d’Anja Maes et de Dieter Penninckx est intervenue peu de temps après que l’on ait appris que Martijn Rozenboom avait relancé la branche néerlandaise de FNG. Martijn Rozenboom lui-même est une autre figure controversée de la saga FNG. Il a notamment participé à l’acquisition de Miss Etam pour FNG aux Pays-Bas, avec Rens van de Schoor. Il a également collaboré avec Rens Van de Schoor pour la relance (abandonnée après quelques semaines seulement) de la chaîne de vêtements McGregor.
Martijn Rozenboom voulait injecter des fonds dans FNG peu avant sa faillite, mais les banques auraient mis leur veto. Il en a finalement résulté un blocage complet des banques et la sortie de route de FNG. L’entrepreneur s’est ensuite dit intéressé par une reprise de la branche belge en faillite, éventuellement dans le cadre d’un consortium avec Dieter Penninckx en personne comme co-investisseur, mais les banques s’y sont à nouveau opposées. Martijn Rozenboom a en revanche pu racheter FNG Pays-Bas et l’incorporer dans sa propre holding. L’ancienne direction du groupe est restée en place.