Comme à son habitude l’entrepreneur de mode Luc Van Mol est infatigable : après les reprises de PointCarré et The Fashion Store, le fondateur de ZEB prendra la parole au RetailDetail Congress le 26 avril. Qu’est-ce qui l’anime ?
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le secteur de la mode ?
L.V.M.: « Ce qui me plaît est que le secteur de la mode est un univers peuplé de gens passionnés, qui font leur métier avec ferveur. Dans la mode il importe également d’avoir une vision très large sur l’avenir : il faut se tenir au courant de tout et être toujours à la page, car la mode est un univers extrêmement concurrentiel.
En tant qu’investisseur je m’occupe également de start-ups dans d’autres secteurs. Ma grande passion est d’entreprendre avec envie, pas seulement dans la mode. Le retail est fascinant : il faut beaucoup de bons sens et bien regarder ce qui se passe autour de soi dans le monde. »
D’après vous, où en sera ZEB dans dix ans ?
L.V.M.: « Je préfère ne pas penser au-delà des cinq ans. Il y a tellement de changements que se projeter plus loin dans l’avenir relèverait de la voyance. De plus, il importe de rester flexible.
Dans cinq ans je suis convaincu que ZEB jouera encore son rôle de ‘local hero’, un acteur performant sur la scène du retail, suivant de près les tendances et répondant aux attentes des nouvelles générations : la Génération X, Y et d’ici là la Génération Z.
A l’avenir je vois surtout ZEB comme une entreprise IT à la pointe de la technologie ? Aujourd’hui c’est le principal défi à relever dans notre secteur. J’y travaille d’ailleurs d’arrache-pied. Pour réussir dans le futur, les retailers devront devenir des entreprises hautement technologiques, j’en suis convaincu.
Quant à savoir si nous continuerons à nous concentrer sur notre marché clé ou dans combien de pays étrangers nous serons actifs d’ici là, c’est difficile à dire maintenant. Pour moi il importe surtout de rester fidèle à nos valeurs et d’être pertinent pour nos clients. »
Quel est le facteur clé du succès de ZEB ?
L.V.M.: « D’être toujours pertinent ! C’est d’ailleurs le facteur crucial pour toute entreprise dans ce monde en mutation permanente. Dans ce contexte l’informatique est un élément clé, dans lequel ZEB investit énormément, qu’il s’agisse du webshop, de l’app, des réseaux sociaux ou encore des caisses self-scanning dans notre nouveau concept de magasin. ZEB mise sur la technologie afin de donner au consommateur tout le confort nécessaire, mais également afin de rester pertinent pour le client à l’aide de données. »
Quelle est votre catégorie de produits préférée dans vos propres magasins et pourquoi ?
L.V.M.: « Chez ZEB toutes les divisions son cruciales. Sans vouloir désavantager les autres départements, je pense que le marketing est mon département favori. Il est très important de savoir vers où nous voulons aller, comment atteindre le consommateur et comment dialoguer avec nos clients. Dans les magasins j’aime m’occuper de l’aménagement intérieur, tâche qui me procure encore un énorme plaisir.
Je suis également très fier de nos propres marques, que nous avons développées entièrement par nous-mêmes. De voir tout le monde s’atteler à la tâche continue d’attiser ma passion pour la mode. C’est très stimulant et passionnant de voir tous ces esprits créatifs au travail, pour suivre au plus près les tendances.
Pour autant nous n’avons pas un plan prédéfini pour nos marques propres, nous continuons tout simplement à faire les choses qui nous plaisent. Ainsi récemment nous avons lancé Cyclo Club Marcel pour les cyclotouristes, un spin-off de ‘Le Fabuleux Marcel de Bruxelles’. C’est une très chouette marque pour les cyclistes amateurs, pour qui nous avons d’ailleurs imaginé notre propre tour cycliste.
Le Cyclo Club Marcel Tour est un véritable tour dans les Ardennes flamandes, mais pour des cyclistes amateurs, avec de vrais pistolets jambon-fromage flamands au finish ! En quelques heures de temps l’événement affichait complet. Nous avons dû prévoir une édition spéciale fin avril. Apparemment cela intéresse notre client Cyclo Club Marcel. »
Quel est le principal enseignement que vous avez tiré de votre carrière ?
L.V.M.: « Entourez-vous rapidement de gens qui en savent davantage que vous. Ne pensez pas que vous pouvez ou devez tout faire par vous-mêmes, il y a plus qu’assez de gens qui peuvent vous aider. N’hésitez pas à demander des conseils ou à accepter l’expertise d’autrui. Dans notre entreprise je m’entoure de gens qui sont des génies dans leur domaine, que ce soit l’achat ou la vente, la communication, notre COO, CFO et tous les collaborateurs dans leur rôle.
Pour les entreprises, qui n’ont pas encore les moyens de développer une telle équipe, elles peuvent tout aussi bien aller chercher ces conseils en externe. Je remarque que bon nombre de jeunes entreprises se heurtent à ce problème : elles ne demandent pas conseil en ne se laissent pas suffisamment entourer. »
En quoi le retail belge se distingue-t-il ?
L.V.M.: « Dans le sens positif ? Alors je ne sais pas. Ce n’est sans doute pas ce que vous avez envie d’entendre, mais les frais salariaux restent un lourd handicap dans notre pays. Récemment j’en parlais à un collègue néerlandais d’une entreprise avec des magasins de mode. La différence entre les Pays-Bas et la Belgique en termes de frais salariaux pèse sur son chiffre d’affaires à hauteur de 4%.
Ce qui est ‘typiquement belge’ aussi est l’obstination des autorités à vouloir garder des magasins en centre-ville, où ils sont voués à disparaître. Combien n’y a-t-il pas de villes où le retail intra-urbain n’a plus aucune chance de survie, mais malgré tout les autorités nous y oblige. J’ai vu bon nombre de drames financiers de commerçants qui – faute de mieux – ont quand même voulu tenter le coup dans ces villes et des situations kafkaïennes pour ceux qui veulent encore entreprendre. Il n’y a que chez nous que ça arrive.
Notre point fort en tant qu’entreprise 100% belge est que nos collections sont réellement adaptées au consommateur belge. Si nous voulons continuer à faire la différence par rapport à la concurrence étrangère, la combinaison de la pertinence et de l’innovation est cruciale. »
Outre Luc Van Mol, d’autres CEO belges du secteur du retail monteront sur scène lors du RetailDetail Congress du 26 avril, notamment Frans Colruyt (Colruyt), Erwin Van Osta (Hubo) et Carla Velghe (HEMA). Soyez donc au rendez-vous ! Cliquez ici pour vous inscrire et obtenir de plus amples informations.