Le président français Emmanuel Macron a-t-il lui-même demandé de torpiller l’acquisition Tiffany par LVMH ? Alors que les rumeurs se multiplient, la bataille juridique prend forme : l’affaire sera traitée en janvier et on connaîtra alors le sort des futurs promis.
Diplomatie ou népotisme ?
L’Élysée aurait demandé au ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian en personne d’envoyer un courrier à la direction de LVMH lui conseillant de différer le rachat du bijoutier américain Tiffany. C’est ce qu’ont affirmé deux sources anonymes à Reuters. Bien que la rumeur ne soit pas encore confirmée, elle conforte la thèse selon laquelle le propriétaire de LVMH, Bernard Arnault, serait prêt à tout pour se dégager de la transaction.
LVMH a en effet annoncé au début du mois que le groupe renonçait à l’acquisition, qui avait été négociée il y a un an pour un montant très généreux de 16 milliards de dollars. L’un des arguments invoqués était que le groupe de luxe avait reçu une lettre de son gouvernement demandant de différer l’acquisition jusqu’en janvier, après les élections présidentielles américaines et « par hasard » après la deadline, car Donald Trump menace de nouvelles taxes sur les produits français. Dans ce contexte, il serait politiquement défavorable de conclure une transaction de plusieurs milliards de dollars avec des Américains.
Pour LVMH, ce courrier justifie de rompre l’engagement par « obligations patriotiques ». Mais si le courrier ne provient pas du ministère des Affaires étrangères et a été écrit sous la pression de Macron lui-même, il est probable que ce soit l’influent Bernard Arnault lui-même qui ait tiré quelques ficelles au sommet de l’État français. Delphine Arnault, la fille de l’homme le plus riche de France, et la première dame de la République Brigitte Macron entretiendraient en effet une amitié de longue date.
Le procès après la deadline
Si tel était le cas, les avocats de Tiffany & Co auraient un sérieux os à ronger dès le 5 janvier. C’est à cette date que commencera aux États-Unis la procédure judiciaire décisive concernant le dossier. Bien que le procès ne commencera qu’après la deadline fixée pour l’acquisition (24 novembre), son résultat sera contraignant avec effet rétroactif. Le juge espère également qu’un règlement à l’amiable soit conclu avant cette date.
Dans une déclaration, LVMH s’est dit « confiant » en sa capacité de convaincre le tribunal que Tiffany ne remplit plus les conditions de l’accord. L’argument principal est que la chaîne de bijouterie a mal géré la crise sanitaire et a subi de graves dommages. Mais les avocats de Tiffany – ainsi que de nombreux analystes – estiment que LVMH veut surtout obtenir un prix moins élevé.