Le marché du luxe demeure ferme dans ses escarpins de créateur, même si une récession devait arriver. D’ici 2030, les ventes augmenteront encore de 60 % par rapport à aujourd’hui, prévoit Bain & Co.
Un marché de 1,4 billions d’euros
Même si une récession survient, le marché du luxe continuera de croître. Le secteur est nettement plus fort aujourd’hui qu’il ne l’était pendant la crise financière de 2008-09, car la base de consommateurs est désormais plus large. Leur orientation client plus forte et leurs écosystèmes multi-touchpoint donnent par ailleurs aux marques de luxe une certaine résilience aujourd’hui. C’est ce que conclut Bain & Co dans son étude annuelle sur le marché des produits de luxe (personnels).
Pas moins de 95 % des marques de luxe ont connu une croissance cette année, même si leur rentabilité a souvent baissé car elles ont continué à investir dans l’innovation. L’industrie mondiale des produits de luxe dans son ensemble devrait afficher une valeur de marché d’environ 1 400 milliards d’euros cette année, soit une croissance de 21 % par rapport à 2021.
Le secteur des produits de luxe personnels en particulier a vu sa croissance s’accélérer cette année, malgré les turbulences économiques actuelles et les défis du Covid en Chine. Aux taux de change actuels, Bain prévoit des ventes de produits de luxe de 353 milliards d’euros, soit 22 % de plus qu’un an plus tôt.
Les jeunes commencent tôt
Qui doit-on remercier pour cela ? Principalement les jeunes, concluent les chercheurs. Les jeunes de la génération Z commencent à acheter des produits de luxe environ 3 à 5 ans plus tôt que les millennials : dès l’âge de 15 ans, ils font leurs premiers achats de luxe. Leurs successeurs de la génération Alpha sont censés adopter un comportement similaire. En effet, les générations Y et Z ont représenté la totalité de la croissance du marché en 2022.
D’ici 2030, les dépenses de la génération Z et de la génération Alpha représenteront le tiers du marché, selon Bain & Co. Mais comme la durabilité, la créativité, la tech et les données sont des priorités pour ces générations, les marques devront les suivre sur ce point. Bain appelle cela la » nouvelle vague » du luxe.
Avec cette ‘nouvelle vague’ viennent également de nouveaux marchés. Alors que le marché du luxe américain reste fort et que l’Europe a réussi à se redresser, de nouveaux marchés surprennent le secteur. L’Asie du Sud-Est et la Corée l’emportent en termes de croissance et de potentiel. S’il n’y aura jamais « une autre Chine », l’Inde et les pays émergents d’Asie du Sud-Est et d’Afrique offrent néanmoins d’importantes opportunités. Le marché indien du luxe, en particulier, pourrait se multiplier par 3,5 d’ici à 2030.
100 millions d’acheteurs de luxe supplémentaires
Même si les conditions économiques se détériorent, le marché du luxe connaîtra donc une croissance comprise entre 3 et 8 % l’année prochaine. Les perspectives à l’horizon 2030 sont également très positives : selon l’analyse, la valeur du marché atteindra entre 540 et 580 milliards d’euros d’ici la fin de la décennie actuelle, soit une augmentation de 60 % ou plus. Pas moins de 500 millions de consommateurs dans le monde achèteront des produits de luxe personnels en 2030, soit 100 millions de personnes de plus qu’aujourd’hui.
Le segment du haut de gamme, en particulier, poursuit son expansion, conclut le rapport en constatant que les hausses de prix de l’année dernière n’ont même pas entraîné de baisse de volume. Ces consommateurs recherchent des produits et des expériences uniques, s’attendent à des stratégies de type « Very Important Client » et s’intéressent aux articles de luxe comme à l’art ainsi qu’au streetwear « élevé », résume Bain les tendances de demain.