L’ONG suisse Public Eye a calculé que le bénéfice réalisé par Zara sur chaque sweater représentait plus du double du salaire cumulé de toutes les personnes impliquées dans la production du vêtement. Le groupe d’action Clean Clothes Campaign (CCC) plaide dès pour une augmentation des salaires des travailleurs du textile au « minimum vital ».
Manque de transparence
Comme Zara n’est guère très transparente sur le processus de production et les salaires versés aux travailleurs, Public Eye a mené l’enquête elle-même. Pour ce faire, l’ONG s’est associée à la Clean Clothes Campaign et au collectif français Éthique sur l’étiquette. Ils ont acheté un sweat à capuche de la collection Join Life, présenté par Zara comme « mode durable ». Le sweater portait d’ailleurs un imprimé « Respect : find out wat it means to me ». Ensemble, les organisations ont exposé tout le trajet du sweater en question, de l’usine turque où il a été produit à la boutique en ligne où il a été acheté.
Les chercheurs ont calculé que Zara réalisait un bénéfice de 4,2 euros sur ce sweat vendu en moyenne à 26,6 euros en Europe occidentale. Les autres maillons du processus de production, comme les cultivateurs de coton en Inde et les ouvriers de l’usine turque, n’ont perçu au total que 2,08 euros par vêtement, soit moins de la moitié du profit réalisé par Zara.
Chiffres détaillés
Les travailleurs turcs du textile gagnent entre 310 et 390 euros par mois, ce qui correspond selon CCC à un tiers d’un salaire minimum vital. « Il existe une alternative au paiement de ces maigres salaires« , explique Sara Ceustermans (CCC) dans le quotidien néerlandophone De Standard. « Pour seulement 3,62 euros de plus par article, il est possible de garantir un salaire minimum vital à toutes les personnes impliquées de la production. »
L’enquête présente la particularité d’inclure tous les maillons de la chaîne de production, comme la filature, le tissage et l’impression. C’est une première. « Nous n’avons jamais disposé de chiffres aussi détaillés pour toute la chaîne. […] Nous demandons depuis longtemps que les entreprises de confection publient ce genre d’information, mais elles refusent de le faire. C’est pourquoi nous avons fait nos propres recherches. »