L’accord de reprise compromis
Pour rappel : début décembre Nathalie Balla et Eric Courteille, respectivement CEO de La Redoute et CFO de Redcats, formulent une offre pour la reprise de La Redoute. Le groupe Kering (ex-PPR) voulait depuis longtemps se défaire de La Redoute et avait mis sa filiale déficitaire en vente.
Balla et Courteille l’emportent face à trois autres candidats, parce qu’ils connaissent bien l’entreprise et surtout les syndicats. Le duo rachète La Redoute pour un euro symbolique et Kering met 520 millions d’euros sur table : 320 millions destinés aux transformations logistiques qui s’imposent et 200 millions pour financer les mesures sociales. Le plan de restructuration des repreneurs implique notamment la suppression de 1.178 emplois sur les 3.437 chez La Redoute et 172 emplois sur les 569 dans la société sœur Relais Colis.
Toutefois l’aide financière de Kering est soumise à une condition : les syndicats doivent signer le protocole d’accord du plan social. La signature se faisant attendre, un ultimatum est lancé : faute de signature au plus tard vendredi 21 mars aux heures de midi, Kering menace de retirer son offre et le duo Balla-Courteille de renoncer définitivement à la reprise. Il ne resterait plus alors à l’actuelle direction d’autre possibilité que de déposer le bilan.
Feu vert pour un nouveau départ
La CFE-CGC a apposé sa signature jeudi dernier, alors que la CFDT restait opposée à l’accord. Au grand mécontentement de nombreux ouvriers qui craignaient un bain de sang social. Le délégué de la CFDT a même reçu des menaces de mort et a demandé une protection policière.
Vendredi après-midi le syndicat demandait au tribunal de commerce de reporter sa décision à lundi soir 19 h. Faute d’accord endéans ce délai, le juge désignerait un curateur ; ce qui risquait de mener à un dépôt de bilan ou à la liquidation. Finalement lundi midi la CFDT a cédé, après avoir obtenu quelques concessions durant le week-end.
Dès lors plus rien ne fait obstacle à la relance de La Redoute. Kering signera l’acte de vente au plus tard fin avril et Nathalie Balla et Eric Courteille pourront entamer leur projet industriel, basé sur «un business plan plutôt réaliste avec des pertes pendant deux ans puis un redémarrage ».
Traduction : Marie-Noëlle Masure