Murielle Scherre, la créatrice belge de la marque de lingerie durable La Fille d’O, tire la sonnette d’alarme : le commerce durable est de moins en moins viable. Il est plus difficile que jamais pour faire face à la concurrence.
Jamais « aussi difficile »
En 20 ans d’existence, La Fille d’O n’a réalisé des bénéfices qu’une seule fois, admet la créatrice Murielle Scherre à De Standaard. Cependant, la marque de lingerie durable et inclusive connaît le succès auprès de stars telles que Rihanna et Lady Gaga. Sur Instagram, la créatrice lance un appel à l’aide : les ventes sont « tellement difficiles » qu’elle demande à ses fidèles de la soutenir.
« Parce que nous ne pouvons tout simplement pas continuer à exister si vous ne continuez pas à acheter chez nous. S’il vous plaît, achetez chez nous et chez tous les autres fabricants durables, locaux et innovants », exhorte Scherre. Elle souligne également l’absence de réglementation contre les pratiques de production peu éthiques.
Un système paradoxal
La pandémie du Covid, l’augmentation du coût des matières premières et la hausse des salaires due à l’indexation belge ont fait des ravages. Scherre doit faire face aux longs cycles de l’industrie de la mode et à la baisse du pouvoir d’achat de ses clients. « Les gens consacrent leur budget à l’énergie et au loyer, pas à la lingerie », explique la créatrice. Un autre problème majeur est la concurrence de marques bon marché qui copient ses créations et les proposent à une fraction du prix.
Bien que la situation soit critique, Scherre refuse de baisser les bras. Elle plaide en faveur d’un système où la production équitable serait récompensée et où les pratiques déloyales seraient combattues. Pourtant, le paradoxe fondamental demeure : le désir d’un avenir durable face aux obstacles à surmonter dans le système économique actuel.