Le groupe de luxe français Kering affiche une santé étincelante : le propriétaire de Gucci et d’autres marques de luxe a vu son chiffre d’affaires bondir de 29,4 % en 2018, et son bénéfice net doubler. Il y a toutefois une ombre au tableau : la maison de mode risque en effet une amende de plus d’un milliard d’euros.
Doublement du bénéfice, marge en hausse
Kering a vendu l’an dernier pour 13,67 milliards d’euros de vêtements et d’accessoires de luxe, soit une hausse du chiffre d’affaires de 29,4 % en données comparables. Le groupe de mode performe ainsi conformément aux attentes dans toutes les zones géographiques. Le groupe parle de croissance ‘pérenne’ et souligne que la barre était placée haut après une année 2017 déjà très positive.
Le bénéfice net a doublé et s’établit à 3,71 milliards d’euros. En chiffres bruts, le bénéfice a progressé de 46,6 % à 3,94 milliards d’euros, un record pour le groupe. Au cours des deux dernières années, le bénéfice opérationnel a lui aussi doublé. La marge opérationnelle est également en hausse et ressort à 28,9 %. Le flux de trésorerie avoisine les 2,96 milliards d’euros.
Gucci, la locomotive
Gucci reste la marque maîtresse du groupe, même si Saint Laurent, Balenciaga et Alexander McQueen ont aussi connu une année très positive. Le fleuron du groupe a généré un chiffre d’affaires en hausse de 36,9 % en comparable, contre une progression de 18,7 % pour Saint Laurent. Seule Bottega Veneta finit l’année en baisse de 3,4 %, la Maison ayant dû se mettre en quête d’un nouveau directeur artistique.
« 2018 a été une excellente année pour Kering et pour ses Maisons. Nous avons une fois encore signé des performances bien supérieures à celles de notre secteur. Dans un contexte mondial généralement porteur, mais de plus en plus complexe, Kering a généré 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires additionnel et 1,3 milliard d’euros de résultat opérationnel courant supplémentaire par rapport à 2017 », a réagi le CEO François-Henri Pinault.
1,4 milliard d’euros soustrait aux impôts
Le ciel n’est toutefois pas sans nuage pour Kering : le groupe de luxe est en effet accusé d’évasion fiscale par le truchement d’une de ses filiales suisses. Le groupe français a été contraint d’admettre qu’il risquait une amende de pas moins de 1,4 milliard d’euros en vertu des résultats préliminaires d’une enquête du fisc.
Les soupçons pèsent sur la filiale suisse Luxury Goods International (LGI), qui aurait éludé des revenus internationaux provenant essentiellement des ventes de gros aux grands magasins et partenaires retail de Gucci. De nombreuses commandes provenant de Milan et de Paris auraient été facturées en Suisse entre 2011 et 2017.
Kering dément toutefois formellement ces allégations et se refuse pour l’instant à constituer des réserves en vue d’une éventuelle amende. Selon les dires du groupe, LGI est une entreprise légitime où plus de 600 salariés sont en charge de la gestion des stocks, de la facturation et de la logistique. Le modèle d’exploitation de cette filiale est connu des autorités fiscales françaises et des autres autorités fiscales compétentes, affirme le groupe.