L’accord de fusion prévu entre les groupes d’optique GrandVision et EssilorLuxottica est sur le point de sauter. Au tribunal, le propriétaire de Pearle demande une dissolution de l’accord moyennant le paiement d’un dédit de 400 millions d’euros.
À la recherche de transgressions
GrandVision et EssilorLuxottica se sont affrontés à couteaux tirés cette semaine lors d’une audience à Rotterdam. EssilorLuxottica, fabricant, entre autres, de Ray-Ban et Varilux, a intenté un procès au motif que le futur acquéreur ne recevrait pas suffisamment d’informations sur la manière dont GrandVision (Pearle, Eye Wish) a géré l’entreprise pendant la crise du coronavirus.
Pour obtenir ces informations, le producteur de Ray-Ban a même fait réquisitionner les serveurs contenant toutes les informations administratives du détaillant de lunettes, y compris les données stockées sur les téléphones des employés. EssilorLuxottica veut pouvoir déduire de cette énorme quantité de données la preuve ou non que GrandVision a violé les termes de l’accord d’acquisition. En effet, effectuer des changements dans la gestion opérationnelle irait à l’encontre des conditions du contrat.
Le droit de se soustraire à l’accord
Cependant, le groupe chapeautant Pearle, dit simplement avoir réagi de manière sensée à la crise du coronavirus. « Si, en tant que conseil d’administration, vous constatez que le chiffre d’affaires s’effondre, vous ne pouvez pas mettre la tête dans le sable », arguent les avocats durant le procès, rapporte le Financieele Dagblad. Ils soupçonnent EssilorLuxottica de vouloir simplement faire échouer la fusion. Le dirigeant d’entreprise Francesco Milleri aurait même déclaré aspirer recourir au « droit de se soustraire de l’accord ».
Droit que Milleri a maintenant obtenu : moyennant le paiement d’une somme forfaitaire de 400 millions d’euros, l’accord peut être dissous. C’est un compromis que GrandVision lui-même souhaite maintenant réaliser, épuisé et désespéré : « S’il vous plaît, laissez-les partir et donnez-moi ces 400 millions », a déclaré le PDG Mel Groot à la fin des six heures d’audience, selon le FD.
Ces 400 millions d’euros constituent maintenant le seul enjeu. En effet, si EssilorLuxottica peut prouver que l’accord de fusion a effectivement été violé, la somme ne sera pas due et les chemins des deux sociétés pourront tout simplement se séparer sans plus de formalités. Le tribunal rendra son verdict le 2 août.