Le malaise dans le secteur du luxe est total. À peine une semaine avant l’annonce des résultats annuels, Gucci, filiale de Kering, met à la porte son directeur artistique Sabato De Sarno. Le créateur n’est à bord que depuis deux ans.
Un vaisseau amiral à la dérive
Le clivage entre le luxe haut de gamme discret et la mode milieu de gamme branchée fait des victimes. En début de semaine, Versace a révélé avoir commis une erreur en optant pour la voie de la discrétion, et maintenant Gucci admet que la tendance au « luxe sobre » n’était qu’un caprice raté. Le groupe de luxe Kering a engagé le designer Sabato De Sarno il y a deux ans pour moderniser Gucci avec son style minimaliste et chic, mais fait déjà marche arrière.
Le départ de Sabato De Sarno une semaine avant l’annonce des résultats annuels en dit long. Au cours des neuf premiers mois de 2024, le chiffre d’affaires a déjà baissé de 20 % pour atteindre 5,7 milliards d’euros. Les actions de Kering ont perdu près de 40 % de leur valeur au cours de l’année écoulée. Le moment choisi pour la démission, juste avant l’importante semaine de la mode à Milan, met également en évidence la crise : Gucci devra présenter sa collection automne-hiver 2025 sans direction créative.
Une image vacillante
L’aveu qu’un nouveau directeur artistique n’a pas encore été trouvé est tout aussi révélateur. L’absence de successeur immédiat suggère que les candidats hésitent à prendre la barre. Selon le Financial Times, des noms comme Jonathan Anderson (Loewe) et John Galliano (ex-Valentino) auraient remercié pour le poste.
La rupture soudaine met en lumière l’incertitude : le secteur du luxe, en difficulté, ne sait plus où donner de la tête après des années de chiffres exceptionnels. Sous la houlette de l’ancien directeur créatif Alessandro Michele, Gucci a connu une croissance explosive, avec un doublement des ventes annuelles entre 2015 et 2019. En 2022, le chiffre d’affaires a même atteint la somme record de 10,5 milliards d’euros.
Cependant, la stratégie visant à rendre la marque plus accessible à un public plus large a fini par éroder l’image exclusive. Alors que les consommateurs « aspirationnels » de la classe moyenne ont abandonné après la période Covid, les super-riches ont tourné le dos à la marque parce qu’elle était devenue trop banale. Le nouveau PDG Stefano Cantino, qui est venu du rival LVMH en octobre, semble maintenant opter pour une remise à zéro complète.