GrandVision, la société mère de Pearle, ne doit pas partager avec EssilorLuxottica ses informations concernant la gestion de la crise sanitaire. Les groupes d’optiques sont en conflit au sujet de leur fusion, mais la tentative pour se libérer de l’accord semble avoir échoué.
Une fin en queue de poisson
EssilorLuxottica se retrouve perdant dans la procédure en référé que le groupe de lunette avait engagée contre la cible d’acquisition GrandVision. Selon le groupe franco-italien, ce dernier aurait modifié sa politique durant la crise du coronavirus et n’aurait pas suffisamment communiqué à ce propos avec son acheteur. En effet, opérer un changement de stratégie contreviendrait aux conditions d’achat et pourrait donc justifier la résolution de l’accord.
Pour démontrer qu’une telle entorse au contrat a bien été commise, EssilorLuxottica a introduit une action en référé et a fait faire des copies de toutes les données administratives chez GrandVision et son actionnaire principal HAL. Même les smartphones des employés du siège social auraient été fouillés.
Pêche aux infractions
Bien que les informations ainsi obtenues soient désormais détenues par un tiers indépendant, pour le juge, EssilorLuxottica a tout bonnement « été à la pêche », autrement dit à la recherche effrénée d’informations dans l’espoir de découvrir quelque chose d’incriminant. Selon NOS, le tribunal a donc déclaré que l’acquéreur n’aura pas le droit d’accéder aux informations sensibles de l’entreprise.
Renforcée par cette décision, GrandVision a réagi en précisant qu’elle souhaitait toujours procéder à la fusion prévue, qui devrait lui rapporter pas moins de 5,5 milliards d’euros. Bien que le propriétaire accablé de Pearle espérait, lors de l’audience, qu’EssilorLuxottica se retirerait de l’accord, mais en versant un dédit de 400 millions d’euros. Actuellement une procédure d’arbitrage est toujours en cours, introduite cette fois par HAL et GrandVision afin de s’assurer que les accords concernant la fusion soient respectés.