Esprit a connu une année tumultueuse : alors que le chiffre d’affaires a chuté de près d’un quart, la perte a doublé. La crise du coronavirus est venue s’ajouter à une restructuration de grande envergure et à un plan de transformation qui traine en longueur depuis des années.
Esprit avait frôlé le seuil de rentabilité
Malgré les tentatives de redressement qui s’enchaînent depuis 2018, Esprit semble continuer à s’enfoncer. Lors de l’exercice précédent, clôturé le 30 juin, le chiffre d’affaires a chuté de 23%, atteignant 9,87 milliards de HK$ (1,08 milliard d’euros), tandis que la perte d’exploitation sous-jacente a presque doublé pour atteindre 1,1 milliard de HK$ (120 millions d’euros).
Certes, comme la crise du coronavirus a dominé le second semestre, l’année de l’enseigne de mode peut être divisée en deux périodes. Au cours du premier semestre, avant la pandémie de coronavirus, le groupe basé à Hong Kong mais dont le marché principal est l’Allemagne affirme avoir enregistré des résultats conformes aux prévisions. Esprit avait à l’époque presque atteint le seuil de rentabilité grâce à une amélioration du bénéfice brut de quelque 150 millions d’euros.
« Ces premiers signes d’amélioration avaient confirmé à la direction que le groupe était sur la bonne voie », peut-on lire dans le communiqué de presse, mais c’était sans compter sur la flambée du coronavirus. L’enseigne comptait déjà diminuer le nombre de ses magasins au premier semestre et le chiffre d’affaires du commerce de détail a chuté de 13% en Europe. Sur l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires du commerce de détail a reculé de 29% en Europe.
Perte de la Chine, recul de l’e-commerce
En mars, le groupe de mode allemand a dû demander la protection judiciaire par le biais d’une procédure d’insolvabilité, ce qui a conduit à la fermeture de la moitié des magasins en Allemagne et à la perte de presque tous les marchés en Asie. Cerise sur le gâteau, Esprit a également perdu son partenaire chinois de joint-venture, perdant ainsi ses magasins en Chine, un pays important dans le secteur de la mode.
Par ailleurs, l’enseigne de mode ne parvient pas non plus à se développer en ligne, alors que l’e-commerce a été la bouée de sauvetage de presque tous les groupes de vente au détail pendant la crise du coronavirus. Selon l’entreprise, le chiffre d’affaires des ventes en ligne a diminué de 9% au cours de l’exercice précédent, car elle n’a pas suivi les promotions offertes par les autres détaillants. La nouvelle stratégie d’Esprit consiste à vendre davantage à prix plein et à proposer moins de réductions, mais cela lui a particulièrement coûté cher pendant la pandémie et les jours de promotions comme le Black Friday.
Sans surprise, les prévisions pour le prochain exercice financier sont également pessimistes. Désormais, Esprit entend se concentrer davantage sur le commerce de gros, sur les marchés les plus importants du groupe et sur la poursuite des fermetures des magasins déficitaires. Le groupe est convaincu qu’une restructuration est nécessaire, mais cela suppose une « baisse de la rentabilité » et une nouvelle diminution du chiffre d’affaires. Ce n’est qu’au cours de l’exercice 21/22 que l’entreprise espère renouer avec la rentabilité.