Le candidat au rachat d’e5 Mode soutenu par le fonds d’investissement gouvernemental PMV, est un consortium autour de la famille De Sutter, propriétaire du fabricant de jeans Ansi. Mais outre Lex Hes et ZEB, un concurrent danois serait également dans la course. Qui est ce mystérieux inconnu ?
Fabricant de jeans
En ce dernier jour de soumission d’offres, la bataille pour la reprise de e5 Mode se précise, mais de nouvelles interrogations apparaissent. Il est quelque peu surprenant qu’il y ait encore plusieurs importants candidats pour la chaîne de mode déficitaire. L’un des soumissionnaires s’avère même être un consortium autour d’une famille de Flandre orientale bien connue dans le secteur textile, à savoir Peter et Kristof De Sutter.
La famille De Sutter possède des usines textiles en Tunisie et le fabricant de jeans Ansi, qui, outre des pantalons en jeans pour e5 Mode, fabrique également des vêtements en jeans pour de grandes marques internationales telles que Trussardi, Zara et Lee Cooper.
C’est justement ce candidat qui bénéficie du soutien de PMV, le fonds d’investissement du gouvernement flamand. Avec son aide, complétée par des fonds privés et des financements bancaires, la famille De Sutter veut reprendre le siège social et une grande partie des magasins. Son objectif est de relancer l’enseigne e5 Mode, avec des magasins physiques et un webshop, rapporte De Standaard.
Aucune expérience dans le commerce de détail ?
Si les pantalons sont une catégorie essentielle et bien huilée chez e5 Mode, l’évolution vers une reprise est plutôt inhabituelle. Le soutien de PMV à ce fournisseur est également étonnant, le fonds n’étant pas disposé à se lancer à l’aveugle, encore moins dans le contexte actuel. Cela suggère que d’autres acteurs sont impliqués dans cette offre, forts peut-être de plus d’expérience dans le commerce de détail ou directement dans e5 Mode.
Selon De Standaard, le propriétaire actuel, Frédéric Helderweirt, aurait en effet déjà approché De Sutter en tant qu’investisseur potentiel. Au vu des liens et des contacts en tant que fournisseur de longue date de e5 Mode, d’autres vieilles relations se seraient-elles jointes au projet ? Helderweirt confirme en tout cas ne pas être associé à Lex Hes.
Nouveau marché pour le textile danois
Cependant, outre les candidats déjà annoncés comme ZEB et Lex Hes, un autre acheteur potentiel serait dans la course. Le mystérieux inconnu serait originaire du Danemark et voudrait ajouter e5 Mode à son portefeuille de marques. Pour Erik Van Heuven, ex-directeur Europe de la société danoise IC Companys et ex-PDG d’Inno qui connait bien le marché scandinave, il y aurait deux grands candidats : EQT d’une part, ancien propriétaire de Cecil et Street One, entre autres, et d’autre part, le candidat le plus logique, la holding BTX Group avec des marques textiles comme Brandtex et Signature.
« Cet acteur cible principalement un public plus âgé. Comme la plupart des grands magasins redonnent un coup de jeune à leur image, l’entreprise a de plus en plus de difficultés à y vendre ses marques. Avec e5 Mode, elle gagnerait ses propres points de vente et un nouveau marché pour ses produits », explique Van Heuven. « Ce serait intelligent. »
Potentiel du groupe cible plus âgé
Ronald Boeckx, ancien PDG de e5 Mode, voit également un avantage à cibler un groupe cible plus âgé. « Ce groupe cible ne doit pas être sous-estimé. Il existe d’ailleurs peu de possibilités pour ces clients, surtout s’ils recherchent des vêtements de qualité à prix abordable. E5 Mode a une clientèle peu convoitée. » Selon lui, il y a encore un grand potentiel : « Entre 2009 et 2015, le chiffre d’affaires de la chaîne est passé de 70 à 95 millions d’euros, malgré un contexte difficile. »
Quelle a donc été l’erreur de la chaîne, qui a dû demander la protection contre ses créanciers deux fois l’année dernière ? Selon Boeckx et d’autres initiés, l’accent a trop été mis sur ECG, la société de production. E5 Mode espérait livrer à d’autres détaillants, mais c’était illusoire. Faute de clients, c’est finalement Alexander Talpe, PDG d’ECG, qui a pris la tête du département de vente au détail.
De plus, la chaîne traînait, et traîne toujours, un lourd passif social, avec des employés ayant parfois vingt ans d’ancienneté. Bien que, selon Boeckx, il s’agisse justement de la plus grande valeur ajoutée de la chaîne : « Il n’y a pas de personnel plus patient et serviable. Quelle tristesse que ce précieux atout soit désormais si mal considéré. »