L’exploitation des travailleurs du textile ne se limite pas au Bangladesh. En Europe aussi, les conditions de travail sont souvent pénibles et les salaires déplorables, selon de nouveaux témoignages. La situation est particulièrement grave en Macédoine.
Des mesures intimidantes
La Macédoine compte des centaines d’usines textiles. 90% d’entre elles appartiennent à des sociétés grecques. La qualité de leur production est élevée : elles fournissent des entreprises telles que Zara, Benetton, Versace et d’autres marques célèbres. Mais les plus de 180.000 femmes actives dans ce secteur travaillent entre 12 et 14 heures par jour, pour un salaire minimum garanti de seulement 200 euros par mois. Du moins, en théorie : un grand nombre de ces femmes sont tenues de rendre 50 euros à leur patron dans une enveloppe scellée après avoir reçu leur salaire. Les patrons respectent ainsi la loi, mais les femmes sont volées et traitées comme des esclaves par une porte dérobée.
Des témoignages anonymes que RetailDetail a obtenus de la professeure et militante des droits de l’homme Saskia Harkema, directrice et cofondatrice d’une coopérative néerlando-macédonienne basée en Macédoine, le démontrent clairement : « J’ai visité plusieurs ateliers de couture dans le sud-ouest du pays et ce que j’y ai trouvé défie mon imagination », dit-elle. Ci-dessous, vous trouverez la transcription littérale d’une personne qui, de par sa propre expérience, connaît la situation dans ces usines.
« L’une des mesures les plus offensantes et les plus intimidantes est la gestion des présences. Si une employée est absente une journée, elle devra payer 50 euros en guise d’amende, et ce en contrepartie des 4,5 euros qu’elle gagne par jour. Cela signifie qu’en cas de malchance, elle n’aura que 100 euros à la fin du mois. L’exploitation a également lieu les week-ends. Les femmes doivent travailler six jours par semaine, y compris le samedi. Parfois, elles doivent travailler deux shifts le samedi. Cela arrive toutes les deux semaines. Si un jour de congé tombe en pleine semaine, elles sont obligées de récupérer ce jour un week-end. Les jours de congés annuels ne sont pas comptés en jours ouvrables, le week-end est également compris dans ce calcul. Cela signifie qu’au lieu des 24 jours, les femmes ont souvent moins de 16 jours de congés par an. Dans la plupart des entreprises, si la personne tombe malade durant l’année, elle ne recevra pas son treizième mois. Cette forme d’exploitation moderne a été et continue d’être gardée sous silence par les gouvernements et personne n’a le courage de parler au nom des femmes et des mères qui doivent faire ce travail dans ces conditions épouvantables, en plus des autres obligations au sein de leur famille ».