Cinq grandes entreprises de mode ont décidé de ne pas participer au rassemblement annuel de l’industrie du textile au Bangladesh. Elles protestent ainsi contre les mauvaises conditions de travail dans le pays et contre l’oppression des syndicats.
L’oppression des syndicats
H&M, Inditex, C&A, Next et Tchibo ont décrété ne pas participer. Ces entreprises ont pris cette décision à la demande de la Clean Clothes Campaign. Pourtant, certains collaborateurs de ces entreprises étaient sur liste des orateurs clés de cet événement. Plusieurs mesures relatives aux syndicats qui ont été mises en œuvre par le gouvernement du Bangladesh et par les propriétaires d’usines durant ces derniers mois sont à l’origine de cette décision.
Au mois de décembre, pas moins de 34 dirigeants syndicaux ont été arrêtés après avoir participé à des manifestations réclamant de meilleurs salaires. Beaucoup d’entre eux ont été détenus durant plus de huit semaines, sans aucune preuve d’un crime quelconque. Ils encourent pourtant le risque de se retrouver dans une cellule pour une longue période. D’autre part, 1.500 collaborateurs ont été licenciés pour cause de participation à ces protestations. « Il semblerait que l’industrie et le gouvernement fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour opprimer tout mouvement qui défend les droits des travailleurs », précise un des dirigeants syndicaux arrêtés.
Un signal clair
Les actions du gouvernement et des propriétaires d’usines ont été condamnées au niveau international et aujourd’hui, quelques grandes entreprises textiles émettent un signal fort. Les montants dépensés par H&M, Inditex, C&A, Next et Tchibo dans ces usines textiles au Bangladesh s’élèvent à des milliards d’euros et leur absence au grand rassemblement de l’industrie à Dhaka est certainement un coup dur.
« En boycottant ce rassemblement au sommet, quelques grandes marques dominantes émettent un signal clair à la BGMEA (Bangladesh Garment Manufacturers and Exporters Association) ainsi qu’aux autorités du Bangladesh : tant que toutes les personnes détenues ne seront pas libérées, tant que les plaintes infondées ne seront pas retirées, tant que d’autres faits d’intimidation contre les syndicats ne cesseront pas, elles seront dans l’impossibilité de participer de façon crédible à un rassemblement sur ‘la croissance durable’ de l’industrie », écrit Clean Clothes Campaign.
Près de quatre ans après le drame du Rana Plaza, très peu de choses semblent avoir changé au Bangladesh. La sécurité des bâtiments s’est améliorée, mais les travailleurs perçoivent encore toujours un salaire très bas et ils n’ont que très peu de droits. Le mois dernier, un grand nombre de chaînes de mode avaient déjà adressé une lettre au premier ministre bengali dans laquelle elles exprimaient leur inquiétude quant à la situation qui règne dans le pays.