Plus de la moitié des consommateurs affirment préférer la mode d’origine traçable et durable. Les technologies numériques comme l’IA et la RV peuvent y contribuer. Quel rôle concret peuvent-elles jouer ?
Un marché de 1.5 billions dollars
55 % des consommateurs dans le monde et 44 % dans l’UE affirment choisir activement des produits d’origine traçable et durable, selon une nouvelle étude de Pwc. Toutefois, le secteur de la mode, dont la valeur du marché mondial s’élève à 1 500 milliards d’euros, est non seulement l’un des plus importants mais aussi l’un des plus polluants au monde.
L’industrie de la mode est le troisième plus grand consommateur d’eau, produit 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et utilise plus de 1 500 produits chimiques (pour la plupart toxiques). Mesurer et partager les efforts de durabilité de manière transparente et durable devient donc fondamental si les marques de mode veulent faire leurs preuves. Selon Pwc, cela peut se faire dans quatre domaines différents : au niveau du produit, dans la chaîne d’approvisionnement, pour la communauté (personnes et culture) et pour le climat.
Passeports numériques et actes de naissance
Au niveau des produits, les marques de mode peuvent réduire les déchets, optimiser la productivité et passer à des modèles commerciaux plus durables. La modélisation 3D, l’IA et la réalité virtuelle, par exemple, permettent de créer des prototypes et des salles d’exposition virtuelles qui raccourcissent considérablement le processus d’échantillonnage, réduisent les déchets et diminuent l’empreinte carbone.
Les ventes ou locations d’occasion sont également facilitées grâce aux innovations technologiques. Ensemble, l’IoT et la blockchain créent une chaîne d’approvisionnement infalsifiable, garantissant aux acheteurs un produit authentique où même un « certificat de naissance numérique » peut être joint. Ces certificats contiennent toutes les données de durabilité et de transparence d’un produit, après quoi il peut être facilement revendu, recyclé ou réutilisé. Ils donnent également à chaque article un passeport d’identité numérique, montrant d’où viennent les produits et où ils vont au cours de leur cycle de vie.
Plus tôt dans la chaîne d’approvisionnement, donc, les données et la technologie sont déjà cruciales. Par exemple, des capteurs IoT peuvent suivre un produit de mode de la ferme à l’usine, puis à l’entrepôt et enfin au magasin. Chaque transaction du flux de matières peut ainsi être enregistrée et vérifiée de manière sûre et immuable. Il convient toutefois d’ajouter une remarque importante : la blockchain a un coût écologique énorme en raison de sa forte consommation d’énergie. La prise en compte de cet impact est donc essentielle.
1 personne sur 8 travaille dans la mode
Le nombre total de travailleurs dans l’industrie de la mode et du textile est estimé à plus de 430 millions, soit une personne sur huit dans le monde. L’impact de l’industrie au niveau communautaire ne peut donc pas être surestimé. Toute mesure prise par les entreprises de mode pour améliorer le bien-être de leurs propres employés et de la société peut avoir un effet considérable, souligne Pwc.
Le bureau d’études s’intéresse alors à la robotique, non pas pour éliminer le facteur humain mais simplement pour améliorer les conditions de travail. Nike, par exemple, expérimente actuellement des robots conçus pour empiler des tissus. Ils peuvent assembler toutes les pièces d’une basket en une minute – une tâche qui prendrait plus de 10 minutes à un travailleur humain. « Cela permet non seulement d’accroître l’efficacité du processus de fabrication, mais aussi de le rendre moins gourmand en main-d’œuvre et de réduire l’incitation à employer (et souvent à exploiter) des travailleurs mal payés dans les pays en développement, » indique le rapport.
Pour l’environnement, la réduction de la consommation d’eau, la neutralité carbone et la réduction des déchets toxiques sont des objectifs clés. Les grandes marques prouvent que c’est possible : Levi’s a lancé une nouvelle ligne de vêtements qui utilise jusqu’à 96 % d’eau en moins, tandis que Stella McCartney se lance dans l’agriculture carbone et le coton biologique, entre autres, à travers de nombreuses collaborations. La marque travaille également avec Burberry et Kering pour rendre la mode de luxe plus durable.
Des chaussures sur mesure imprimées en 3D
L’intelligence artificielle est la technologie qui présente le plus grand potentiel pour soutenir les ambitions de durabilité des entreprises de mode. L’IA peut non seulement accroître la productivité, mais aussi optimiser l’utilisation de ressources telles que l’énergie et l’eau. Le Forum économique mondial souhaite utiliser l’IA pour réduire la surirrigation des exploitations de coton afin d’augmenter les rendements et la qualité du coton. En outre, l’IA accélère les découvertes scientifiques en matière d’innovation matérielle. La technologie permet également de mieux analyser les clients et de mieux prévoir la demande, ce qui réduit les stocks inutiles et le gaspillage.
Ou que diriez-vous d’un avenir où vous entrez dans un magasin, choisissez une tenue, l’essayez en utilisant la RA ou la RV, puis commandez un vêtement physique qui est immédiatement fabriqué par une imprimante 3D dans le magasin ? Cela éliminerait d’un seul coup l’impact environnemental de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Et le meilleur de tout : cela existe. Feetz propose déjà des chaussures personnalisées imprimées en 3D, qui sont produites sans eau et fabriquées à partir de matériaux recyclés, eux-mêmes recyclables. Lorsque les clients ne portent plus les chaussures, ils peuvent les retourner à Feetz. Le matériau est alors recyclé pour fabriquer une nouvelle paire de chaussures imprimées en 3D.