Magasins fermés et stocks invendables : la crise du coronavirus frappe de plein fouet le secteur de la vente au détail de prêt-à-porter. De nombreuses grandes chaînes de mode vont tomber au cours des 18 prochains mois. De nouvelles études mentionnent également quelques noms… Qui ne survivra pas au coronavirus ?
Chiffre d’affaires du secteur du prêt-à-porter en troisième position
« Toutes les entreprises ne sont pas égales », souligne McKinsey dans un nouveau rapport réalisé en collaboration avec Business of Fashion. La polarisation qui existait déjà avant la crise du Covid-19 se trouve seulement renforcée par ce virus qui paralyse le monde entier.
Le secteur du prêt-à-porter n’attendait déjà pas beaucoup de l’année 2020 mais, dans le contexte actuel, les ventes du secteur de l’habillement et des chaussures devraient chuter de 27 à 30% cette année. Pour le secteur du luxe, McKinsey envisage même une baisse de 40% du chiffre d’affaires. Ce n’est qu’en 2021 que le cabinet prévoit une légère croissance de 2 à 4% par rapport à l’année pré-coronavirus 2019.
Entre janvier et la fin du mois de mars, les acteurs du secteur du prêt-à-porter ont perdu près de 40% de leur valeur marchande. Si les magasins restent fermés pendant deux mois supplémentaires, jusqu’à 80% de tous les détaillants européens et nord-américains côtés en bourse risquent de rencontrer des difficultés financières. « Il faut s’attendre à ce qu’un grand nombre de multinationales de prêt-à-porter fassent faillite dans les douze à dix-huit mois à venir », ne présage rien de bon.
Superdry et Ted Baker finis ?
Dans une analyse du secteur du prêt-à-porter britannique, AskTraders va plus loin : les analystes ont été jusqu’à dresser une liste des chaînes de prêt-à-porter qui sont les plus vulnérables. Les plus en danger sont Superdry et Monsoon Accessorize. Selon les conclusions des chercheurs, ces chaînes ne survivront pas au Covid-19.
Les victimes ne seront pas seulement les détaillants et les marques qui étaient déjà en mauvaise posture avant la crise, mais aussi principalement les enseignes qui n’ont pas suffisamment de présence en ligne. Vingt détaillants britanniques semblent ainsi faire partie du groupe le plus à risque, tout comme les centres commerciaux qui ne perçoivent plus de revenus locatifs.
Le groupe de prêt-à-porter Next, la marque de vêtements Ted Baker et même l’icône britannique Marks & Spencer ont quant à eux 50% de chance de mettre la clé sous la porte. Tous ont dû émettre des avertissements sur bénéfices avant même la flambée du virus et ont vu le cours de leurs actions chuter. Pourtant, ils ont encore « une chance de survivre », estime AskTraders.
Vers une récession économique
Selon le cabinet McKinsey, des changements seront nécessaires : toute la chaîne d’approvisionnement s’effondre, et ce essentiellement parce que les pays en développement, où les systèmes de santé sont souvent inadaptés et la pauvreté généralisée, sont les plus touchés. Dans des pays à faible revenu, comme le Bangladesh, l’Éthiopie et l’Inde, des périodes prolongées de chômage exposent les travailleurs à la faim et à la maladie, avec toutes les conséquences que cela implique pour la production.
Après une crise, on constate généralement que la confiance des consommateurs reste faible, et que la modération, la sensibilisation au prix et la réduction de la demande subsistent encore un long moment. Une véritable récession économique entraînera, tout comme après la crise financière de 2008, une augmentation de la demande de rabais et de prix bas, mais aussi d’innovation, de durabilité et de consommation responsable.