Ce mardi la ‘Clean Clothes Campaign’ a fait voter une résolution étonnante lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe de mode H&M. L’objectif était de faire contribuer les actionnaires à un salaire vital pour les ouvriers du textile, mais en vain : la résolution a été rejetée.
Point d’orgue de la campagne ‘TurnAroundH&M’
« H&M continue de tromper les consommateurs en affirmant que la marque fait d’importants progrès dans la réalisation d’un salaire vital pour les ouvriers du textile. Bien au contraire; il est clair que les ouvriers dans les usines où H&M achète ne touchent toujours pas un salaire vital, loin de là. » La ‘Clean Clothes Campaign’ ne mâche pas ses mots : l’engagement de H&M en 2013 de garantir un salaire vital à 850.000 ouvriers du textile au Bangladesh et ailleurs n’a pas abouti à grand-chose, pour ne pas dire rien.
Par conséquent l’ONG a lancé la campagne ‘TurnAroundH&M’, avec une pétition signée par près de 180.000 personnes. Ce mardi, juste avant l’assemblée générale des actionnaires, cette pétition a été remise au PDG de H&M, Karl-Johan Persson (descendant de la famille actionnaire majoritaire). « Il a répondu qu’il visait les mêmes objectifs que nous, mais qu’il voulait les atteindre par d’autres chemins, qui selon nous sont beaucoup trop lents », explique Anne Bienias, responsable de la campagne, dans le journal Het Nieuwsblad.
Le point d’orgue de toute l’action était la résolution présentée lors de l’assemblée générale des actionnaires. Pour avoir accès à cette assemblée, l’organisation avait préalablement acheté quelques actions. « H&M a l’intention de verser environ 1,6 milliard d’euros de dividendes aux actionnaires », indique Anne Bienias. « Si la majorité renonce à ces dividendes et oblige le management à verser cette masse d’argent dans un fonds spécial en vue d’augmenter les salaires des ouvriers du textile, nous aurons fait un grand pas. »
Résolution rejetée
Comme attendu, la proposition a été rejetée : il semblerait qu’une vingtaine d’actionnaires à peine, sur les 600 actionnaires présents, aient voté pour. « Honnêtement nous ne pensions pas que notre proposition serait approuvée », admet Biennias. « Ne serait-ce que parce que la famille fondatrice détient encore un gros paquet d’actions et que bon nombre d’institutions financières participent au capital de H&M. Finalement c’est le management qui doit solutionner ce problème. En tant qu’actionnaire la seule chose qu’on puisse faire c’est de mettre la pression. »
Malgré tout l’ONG estime que l’action est réussie : « En fait notre but était surtout de conscientiser le management et les autres actionnaires et en même temps de transmettre un message aux centaines de milliers de clients que H&M accueille quotidiennement. Peut-être aurions-nous gagné la partie si nous avions proposé de verser 5% dans ce fonds spécial, mais le message aurait été moins fort et cela aurait donné l’impression nous nous en contenterions. »