Officiellement en vente ou non ?
«Aucun processus n’a été lancé. Goldman Sachs et Colony Capital, qui détiennent chacun 48,5 % du capital de But, cherchaient plutôt une solution de refinancement», explique une source proche des actionnaires dans le journal français Le Figaro, tout en ajoutant : «Ils (= les actionnaires) ont reçu des marques d’intérêt, entre autres d’Axa Private Equity et de PAI, mais ils refuseront les offres si elles sont insuffisantes.» Ainsi cette source confirme non seulement les deux noms avancés dans le journal français Les Echos, mais également le fait que But soit bel et bien mis en vente.
Toujours selon Le Figaro, cinq fonds d’investissement français auraient déjà manifesté leur intérêt. Alinéa, la chaîne d’ameublement du groupe Auchan, aurait examiné le dossier, mais se serait ensuite abstenu. Le nom de la chaîne autrichienne Lutz, qui depuis 2008 tente de s’introduire sur le marché français, est lui aussi évoqué.
Cession pour 400 à 500 millions d’euros
Avec un chiffre d’affaires de 1,83 milliard d’euros, But est le numéro 3 de l’ameublement en France et numéro 8 en Europe. En tête de ce classement figure Ikea (23,1 milliards d’euros), devançant de loin le groupe britannique Home Retail (4,47 milliards d’euros) et l’enseigne sud-africaine Steinhoff, qui l’année dernière a racheté la chaîne française Conforama, également convoitée par Goldmand Sachs et Colony Capital, qui en fusionnant espéraient ainsi pouvoir faire front au leader incontesté, Ikea.
Après le rachat manqué de Conforama, les deux actionnaires lancent à présent la mise en vente de But et espèrent obtenir 400 à 500 millions d’euros pour la cession, montant inférieur aux 550 millions d’euros qu’ils avaient déboursés en mars 2008 lorsqu’ils rachetèrent But à Kesa, maison mère de Darty, chaîne d’électro. D’autre part, en novembre dernier But avait obtenu 200 millions d’euros par la cession des murs de vingt-cinq magasins.
Croissance grâce à la décoration et la cuisine
Depuis l’arrivée de son nouveau directeur général, Regis Schultz en octobre 2008, But réalise un excellent parcours. La chaîne est parvenue durant ces dernières années à se défaire de son image quelque peu vieillotte et ringarde, grâce à une modernisation de l’assortiment et en se focalisant davantage sur les articles de décoration et de cuisine. Le parc existant comprenant 200 magasins a été rénové et la chaîne a lancé depuis fin 2010 un nouveau format plus petit, But City, destiné aux grandes villes. Par ailleurs, les baisses de prix appliquées par But, afin de s’aligner à la concurrence, ont elles aussi eu une influence positive.
Cette stratégie a bel et bien porté ses fruits, car l’année dernière But a vu ses ventes grimper de 4,2% (à surface constante) atteignant les 1,83 milliard d’euros, pourcentage supérieur à celui du marché de l’ameublement, qui n’a progressé que de 1,5%. But a gagné en part de marché pour la troisième année consécutive en passant de 9,2% en 2008 à 10,3%. Nullement étonnant donc que cette jolie mariée soit convoitée par autant de prétendants …
Traduit par Marie-Noëlle Masure