Le marché du travail change, Ikea le constate aussi. Les collaborateurs veulent sentir qu’ils contribuent à quelque chose, et ils veulent savoir à quoi. « En tant que secteur de la distribution, nous pourrions agir ensemble pour résoudre notre problème d’image », estime Anne-Clotilde Picot, Country People & Culture Manager chez Ikea Belgique.
Intégrer les réfugiés et les étudiants
C’est indéniable, le marché du travail est en train de changer. La « guerre des talents » fait également rage chez Ikea : trouver des collaborateurs relève du défi. Les restaurants, la logistique et les fonctions techniques sont les secteurs les plus sensibles sur le marché belge. Anne-Clotilde Picot, Country People & Culture Manager chez Ikea Belgique, analyse la situation, mais ne procède pas (encore) à des changements radicaux. Lors du premier HR & People Congress de RetailDetail le 13 octobre, elle partage sa stratégie et ses constatations.
« Les gens attendent surtout une offre globale, et c’est justement ce qu’offre Ikea. Ils veulent une entreprise qui défend des valeurs et où ils peuvent s’épanouir sur le plan personnel, pas seulement sur le plan du salaire et du travail. Nous mettons donc l’accent sur ces deux premiers points. Chez nous, les collaborateurs peuvent évoluer dans leur travail ; leur capacité d’évolution et leurs valeurs priment sur leur expérience. »
Pour faire passer ce message, Ikea a dû chercher de nouveaux moyens de communication. Et également cibler des groupes qui, autrement, n’entreraient pas dans l’entreprise, par exemple au travers de partenariats avec des centres de formation CPA dans la partie francophone du pays et des stages d’intégration pour les réfugiés reconnus. « Ils apprennent la langue et se familiarisent avec le marché du travail belge tandis que, pour nous, cela peut aussi être un moyen de recruter de nouveaux talents », explique Picot. Actuellement, le détaillant en ameublement développe encore des partenariats avec des écoles et met en place des projets pilotes pour des stages étudiants.
Travailler pour un monde meilleur
« Les candidats continuent à se présenter, mais nous devons aussi renforcer notre profil. Les collaborateurs attendent des employeurs qu’ils montrent davantage leur approche de travail et leur identité. Nous constatons par exemple que les collaborateurs accordent de plus en plus d’importance à la durabilité. Notre objectif en tant qu’entreprise est désormais de montrer que toute personne qui travaille chez nous a un réel impact sur la société et participe à la mission de bâtir un monde meilleur. »
Comment Ikea implique ses nombreux collaborateurs? « En recueillant des idées et en laissant les collaborateurs élaborer leurs propres projets. Chaque magasin compte des équipes de durabilité composées de volontaires. Une approche également à destination des consommateurs : la consommation à domicile est responsable d’une grande partie de l’empreinte écologique, les collaborateurs des magasins ont donc aussi un rôle à jouer pour éduquer et sensibiliser les consommateurs. »
Depuis plusieurs mois, les employés d’Ikea peuvent passer une demi-journée pendant leurs heures de travail dans des foyers d’accueil pour personnes défavorisées par l’intermédiaire d’une organisation sociale partenaire. Une initiative qui s’inscrit dans un projet d’Ikea sur le droit à un bon foyer. « Le planning se rempli facilement et les participants reviennent enthousiastes. Ce projet fait tomber les barrières et donne la satisfaction d’aider », observe Picot. « C’est une autre façon d’expérimenter et d’apprendre l’engagement de l’entreprise. »
La valeur ajoutée émotionnelle du vendeur
De même, le métier de vendeur peut devenir plus attractif, estime Anne-Clotilde Picot. « Rien ne donne un plus grand sentiment d’apporter une valeur ajoutée et de contribuer à quelque chose que le contact direct avec le client. » Nous devons donc donner au collaborateurs de vente les moyens de réellement aider les clients, en fournissant la technologie nécessaire mais aussi les compétences et la connaissance des produits. Par exemple, nous proposons des formations sur les stratégies de dialogue avec les clients. »
La fonction d’employé de magasin persistera là où elle apporte une valeur ajoutée, estime Picot. Aujourd’hui, les interactions humaines ne sont plus toujours nécessaires, et c’est très bien ainsi : optez pour le libre-service lorsque c’est possible, estime la spécialiste RH, mais laissez les collaborateurs là où ils apportent une réelle valeur ajoutée. Parce que l’habitation a une forte valeur émotionnelle, les clients se tournent vers Ikea pour obtenir des conseils et être rassurés. « Le contact humain est également crucial en cas de pépin, comme dans le cas du service client. Il s’agit alors de comprendre le client et de réagir en conséquence… De personnaliser, en quelque sorte. »
Le commerce de détail est un environnement ultra-dynamique et flexible, conclut Picot. « Malheureusement, notre secteur pâtit d’un problème d’image. Pas toujours justifié, car il existe beaucoup d’emplois intéressants et de possibilités de développement. Nous pourrions peut-être y travailler ensemble en tant que secteur. »
Voulez-vous contribuer à bâtir un avenir radieux pour les emplois dans le commerce de détail et apprendre comment rejoindre des entreprises comme Ikea, Lidl, Coca-Cola et bien d’autres dans la guerre des talents ?