Unizo trouve qu’il faut des règles plus strictes pour l’ouverture de nouveaux magasins. Trop souvent, de nouveaux supermarchés ou magasins voient le jour malgré les avis ou les demandes de permis négatifs.
Y a-t-il vraiment une explosion ?
En dix ans, le nombre de supermarchés en Flandre et à Bruxelles a augmenté de plus de 50 %. L’Unizo parle d’une explosion de la surface commerciale, l’année 2022 étant même une année record pour la Belgique. 66 302 m² de nouveaux développements ont été autorisés (dont la moitié en Flandre) et 50 000 m² supplémentaires sont dans le pipeline pour 2023 et 2024, a calculé CBRE.
Cependant, il n’y a jamais eu aussi peu de magasins en Flandre et à Bruxelles. En trois ans, près de 2 400 points de vente ont disparu. Depuis 2016, les 100 plus grandes chaînes de Belgique ont collectivement 11,3 % de points de vente en moins. Plus précisément, au total, selon Locatus, il n’y a pas eu d’ajout de surface de magasin depuis 2020.
D’où vient donc l’idée de cette prolifération ? Il est vrai que les 100 plus grandes enseignes, supermarchés en tête, occupent 12,9 % de mètres carrés en plus. Les surfaces augmentent donc, alors que le nombre de magasins diminue. Les petits commerces qui disparaissent sont remplacés par de nouveaux projets, souvent plus grands, qui nécessitent également de nouveaux permis. En d’autres termes, il s’agit d’un renouvellement du parc commercial plutôt que d’une expansion.
Pression de tous les côtés
Unizo trouve particulièrement inacceptable que de nouveaux magasins voient le jour, même en cas d’avis négatif de l’Agence flamande pour l’innovation et l’entreprise (Vlaio) ou même de décision négative de la municipalité. 66 % des avis négatifs de la Vlaio sont ignorés par les municipalités, selon les chiffres demandés par le député CD&V Robrecht Bothuyne.
Selon Unizo, les communes n’osent souvent pas refuser, notamment parce qu’elles craignent une bataille de procédure. En effet, les demandeurs font souvent appel à la province, où, dans plus de la moitié des cas, ils obtiennent tout de même un permis. « Il manque une vision claire. C’est pourquoi il est urgent d’élaborer un plan de commerce de détail pour la Flandre, » déclare Danny Van Assche, directeur d’Unizo, qui plaide en faveur d’une vision politique supplémentaire pour les plans d’aménagement du territoire.
Au niveau flamand, il existe pourtant déjà le décret sur l’implantation commerciale intégrale (Integraal Handelsvestigingsbeleid), qui a fait l’objet d’une nouvelle révision en 2022. Ce décret est également en faveur du renforcement des centres-villes, tant souhaité par Unizo, mais laisse trop de place à une « interprétation ad hoc » pour les dossiers individuels, selon Van Assche. Il est d’ores et déjà clair que la « surpopulation » des supermarchés devient tout à coup un sujet brûlant, qui est mis à l’ordre du jour politique de divers côtés. La branche flamande du syndicat CNE (ACV Puls) appelle même déjà à un gel radical des supermarchés.