Les bouleversements dans le retail offrent aux gamechangers l’occasion d’impliquer les consommateurs dans leur chaîne de valeur et de prendre une longueur d’avance en matière de durabilité, affirme Stefaan Vandist, orateur au RetailDetail Congress.
Du sur mesure grâce aux outils interactifs et au ‘digital manufacturing’
Au lieu de se limiter au rôle de ‘boxmovers’ au bas de la chaîne de valeur, les retailers ont l’occasion, grâce à la technologie digitale, d’impliquer les consommateurs dans les différentes phases de la chaîne de valeur : non seulement lors de la vente, mais également lors de la conception, la production et le choix des matériaux, explique l’explorateur du futur et trendwatcher Stefaan Vandist.
Michael Fox est le patron du site australien ‘Shoes of Prey’, qui joue à fond la carte de la personnalisation. Fox est convaincu que d’ici vingt ans tous les vêtements seront fabriqués sur mesure. Selon lui, il y a trois bonnes raisons de faire du sur mesure :
- Lorsque chaque produit est unique, votre stock ne sera jamais épuisé et il n’y aura jamais de stock excédentaire. Les millions de variantes possibles via le site web de ‘Shoes of Prey’ ne sont fabriquées qu’une fois la commande passée. Donc pas de surproduction, moins de ‘fast fashion’ et moins de déchets.
- Le client est de plus en plus exigeant. Or la combinaison d’outils interactifs et d’une production digitale permet au client de concevoir ses propres créations, si bien que bientôt nous pourrons les fabriquer au cours de sa visite en magasin.
- Les clients sont toujours plus critiques concernant les pratiques éthiques des entreprises, en particulier dans le secteur de l’habillement. Si vous ne communiquez pas de manière transparente et que vous n’impliquez pas le consommateur dans le qui, quoi, comment et pourquoi, vous semblerez suspects.
Ainsi les retailers sont appelés à devenir de véritables régisseurs de chaîne et architectes du choix, qui nous impliquent très ouvertement dans leur offre.
Le plaisir du produit dénué de la notion de possession
La disruption dans le retail est imparable. La transformation digitale engendre bon nombre d’effets intéressants dans d’autres domaines, explique Stefaan Vandist : outre le contrôle sur le vécu et le produit final, la morphologie du retail physique évolue d’un espace de vente vers un espace d’expérience. Nous voyons également l’arrivée de retailers qui proposent leurs produits en tant que service, dénué de toute notion de possession. Les jeunes en particulier attachent de plus en plus d’importance à vivre une expérience, plutôt que d’acheter un produit pour le posséder :
- 81% des Millennials s’intéressent à l’histoire (les gens, les ingrédients, les processus) autour des produits qu’ils achètent, affirme Matt Hirst, ‘brand experience leader’ chez Google.
- Eventbrite pour sa part nous apprend que 78% des jeunes adultes préfèrent dépenser leur argent à une expérience unique plutôt qu’à un produit attrayant.
Les marques sont de plus en plus nombreuses à considérer la ‘User Experience’ (XP) comme le principal exercice de réflexion et l’applique non seulement dans leurs médias en ligne, mais également dans leurs points de vente physiques, leur offre et leur storytelling. Rent the Runway a démarré comme service de location en ligne pour vêtements et accessoires de designers connus.
Aujourd’hui l’entreprise dispose de plus d’une demi-douzaine de points de ventes aux Etats-Unis, qui se distinguent surtout par une expérience client unique qui combine habilement l’appli mobile et l’architecteur du choix en magasin.
‘Civic Minded Brands’
S’attaquer à des problèmes sociétaux mondiaux au travers de produits et de services destinés aux consommateurs devient une stratégie en vue de développer de nouveaux marchés. Les autorités ont de plus en plus de mal à suivre le tempo des changements sociétaux. Dès lors entreprises y voient l’occasion de combler cette lacune. Elles ne le font pas uniquement par charité, mais en premier lieu parce que cela permet de créer de nouveaux modèles d’entreprise.
Prenez l’exemple d’Uber, qui ces dernières années suscite beaucoup de critiques de l’opinion publique et des autorités. Via son initiative ‘Uber Movement’, Uber met à disposition des big data utiles pour les planificateurs de trafic des villes et communes et les aide ainsi à améliorer la circulation et à réduire le nombre d’accidents ; et en même temps l’entreprise se donne une ‘license to operate’. Autre exemple, celui de la multinationale britannique Tesco qui via un système d’abonnement permet aux familles issues de classes défavorisées d’accéder plus facilement aux fruits et légumes frais.
Stefaan Vandist estime que les possibilités d’innovation, où le retailer a recours au basculement digital comme levier pour créer un impact positif, sont multiples. Vous souhaitez en savoir plus ? Ne tardez plus à vous inscrire ici pour l’avant-programme Gamechangers du RetailDetail Congress, qui se tiendra le 27 avril 2017.
En tant qu’explorateur du futur Vandist dirige divers projets d’innovation, récemment encore pour Intergamma Belgique, Volvo Cars Pays-Bas et les Restaurants Alma à Louvain. Actuellement il réalise une analyse de tendance pour Eneco, accompagne des initiatives de start-ups autour de ‘la mobilité en tant que service’ en Belgique et aux Pays-Bas et d’ici peu il travaillera pour le Musée Royal des Beaux -Arts d’Anvers.