Le mouvement « Stop Hate for Profit » a le vent en poupe : après The North Face, de célèbres enseignes telles que Starbucks, Unilever et Coca-Cola arrêtent également de faire de la publicité sur Facebook. Parallèlement, le réseau social dit prendre des mesures contre les messages haineux.
100 marques participent
En réponse aux protestations contre le racisme, les organisations américaines de défense des droits civiques appellent depuis plusieurs semaines au boycott de Facebook et de sa plateforme sœur Instagram. Sous le slogan « Stop Hate for Profit », ils dénoncent le fait que le réseau social gagne de l’argent en diffusant des messages haineux. Facebook semble donc devoir adopter une position plus dure contre les contenus racistes sur la plateforme, surtout à l’approche d’importantes élections présidentielles aux États-Unis.
La société de vêtements et accessoires d’extérieur, The North Face, a été l’une des premières grandes marques à répondre à l’appel, rapidement suivie par son concurrent Patagonia et la marque de glace Ben & Jerry’s. Quelques jours plus tard, la société mère de Ben & Jerry, Unilever, a même radicalement viré de bord et, sous la pression croissante, Starbucks et Coca-Cola commencent également à s’exprimer. Au total, près d’une centaine d’entreprises participent désormais au boycott.
Unilever ne publiera plus de contenu publicitaire payant sur Facebook, Instagram et Twitter jusqu’à la fin de l’année, tandis que Coca-Cola suspend ses publicités payantes pendant trente jours seulement, mais sur toutes les plateformes de réseaux sociaux. Starbucks déclare être en discussion avec les réseaux sociaux et les organisations de défense des droits civiques pour voir comment il peut contribuer. En attendant, la chaîne du café ne postera plus non plus de publicités payantes.
Perte de 56 milliards de dollars
Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a entre-temps annoncé un changement de politique. Les publicités qualifiants certains groupes de personnes comme des menaces physiques ou sanitaires sont interdites, tandis que Facebook protègera d’avantages les migrants contre les messages suggérant qu’ils sont inférieurs.
Certains contenus que la plateforme estime dignes d’intérêt, bien qu’allant à l’encontre des règles, seront laissés en ligne, mais les utilisateurs seront avertis que les publications en question enfreignent la politique. Zuckerberg pense en particulier aux déclarations de politiciens importants. Il veut ainsi éviter que le réseau social perde son rôle de plateforme d’information : ce qui est publié dans les journaux doit également (et en premier lieu de préférence) apparaître sur Facebook.
Sur le marché boursier, l’action a perdu plus de 8 % de sa valeur après les appels au boycott, ce qui représente une perte (temporaire) de 56 milliards de dollars pour Facebook. Mark Zuckerberg perdrait ainsi sa place dans le top trois des plus grosses fortunes mondiales, rapporte Bloomberg. Néanmoins, avec huit millions d’annonceurs et plus de soixante milliards d’euros de recettes publicitaires, le modèle de revenus de la plateforme n’est pas encore à sec. En outre, les cent plus grands annonceurs ne représentent que 6 % du chiffre d’affaires : le gros du chiffre d’affaires provient des petites entreprises locales qui ne peuvent pas faire de déclarations audacieuses, mais qui dépendent du réseau social pour leur marketing.