Un pouvoir d’achat en hausse, des prix immobiliers plus élevés, la montée de l’online et l’incertitude grandissante concernant l’économie : des facteurs contradictoires qui influencent les perspectives de croissance pour les retailers physiques en Europe, indique GfK.
Croissance minime
L’an dernier le chiffre d’affaires du retail physique en Europe a progressé d’à peine 1,9%, soit environ le taux d’inflation. Et les perspectives pour cette année ne s’annoncent guère meilleures : dans son rapport annuel concernant le secteur du retail européen le bureau d’études de marché GfK prévoit une croissance de 2% pour 2019. Il y a toutefois d’importantes divergences au sein de l’Union européenne : en Europe de l’Ouest le chiffre d’affaires du retail physique stagne, tandis qu’il progresse dans les pays d’Europe de l’Est, malgré une démographie en baisse. L’an dernier le retail physique a progressé d’à peine 0,4% en Belgique et de 0,2% aux Pays-Bas, tandis que la Bulgarie et la Roumanie font bien mieux, avec respectivement +7,7% et +7,1%.
Selon GfK, différents facteurs expliquent cette situation. Bien que le pouvoir d’achat soit d’un bon niveau dans la plupart des pays, l’incertitude concernant le Brexit, les guerres commerciales et le ralentissement de la croissance sur le marché chinois ont un impact. La montée de l’online en particulier pèse sur les perspectives du ‘brick and mortar’. L’an prochain le chiffre d’affaires physique devrait progresser de 1,5% en Belgique et de 0,5% aux Pays-Bas.
Fermetures de magasins
La pression sur le retail physique se traduit également par la croissance limitée de la surface de vente. En 2018 la croissance des m² a suivi le croissance de la population : ainsi la surface de vente est restée stable à 1,13 m² per capita. Le nombre de nouveaux projets retail est en baisse et l’on constate un décalage vers le redéveloppement de sites existants. Les shopping centers classiques se transforment en centres lifestyle, avec des espaces dédiés à la gastronomie, le divertissement et la santé.
Au Royaume-Uni la surface de vente par habitant a reculé de 1,09 à 1,08 m², suite aux nombreuses fermetures de magasins. La Belgique (1,66m²/capita) et les Pays-Bas (1,60 m²/capta) restent les pays, où le retail physique est le plus dense. Le chiffre d’affaires par m² est le plus élevé au Luxembourg (7.250 euros/m²), suivi de la Norvège (6.430 euros/m²) et de la Suisse (6.220 euros/m²). La Belgique (4.000 à 4.500 euros/m²) et les Pays-Bas (3.500 à 4.000/m²) se situent dans la moyenne.
L’omnicanal se porte mieux
En règle générale, la part des dépenses en magasin dans le budget des ménages européens est en recul : le retail représente encore 30,5% de la consommation privée. La tendance sur le long terme et négative : suite à la hausse des prix immobiliers, entre autres, les consommateurs consacrent une part plus importante de leur budget au logement.
GfK précise que les perspectives pour les retailers omnicanals sont plus réjouissantes. L’an dernier dans le secteur de l’électronique grand public le chiffre d’affaires des webshops de chaînes de magasins traditionnelles a progressé de 24%, tandis que pour les pure players la croissance s’est limitée à 4%. Dans ce segment l’online représente actuellement une part de marché de 26%. Aux Pays-Bas la part de marché s’élève à 36%, en Grande Bretagne à 35%, tandis que la Belgique est à la traîne avec 17%, suivie de l’Italie (13%) et du Portugal (7%).
Graphique : part du chiffre d’affaires online pour l’électronique grand public