Au Benelux, les détaillants seront confrontés à une baisse de confiance des consommateurs et à une concurrence accrue dans les années à venir, indique l’agence de notation Moody’s dans un nouveau rapport. Les chaînes de magasins traditionnelles se voient contraintes de consentir de lourds investissements pour répondre à la croissance du commerce en ligne, ce qui ampute leurs bénéfices et leur solvabilité.
Coûts de transformation élevés
Au cours des douze à dix-huit prochains mois, la situation restera difficile pour les détaillants au Benelux. Moody’s ne prévoit une légère relance de l’économie que dans le courant de l’année 2021. D’ici là, le faible niveau de confiance des consommateurs entraînera un ralentissement de la croissance pour de nombreux détaillants : ils pourraient être contraints de baisser leurs prix, ce qui minera leur rentabilité. Pour des enseignes telles que Hema, le groupe de magasins de bricolage Maxeda et Douglas, les perspectives sont peu réjouissantes.
Après tout, comme les clients du Benelux, en quête de facilité, se tournent de plus en plus vers les achats en ligne, les magasins physiques de produits non alimentaires deviennent obsolètes. Ils doivent se réinventer pour répondre aux besoins de leurs clients. Ainsi, Hema cherche à innover au travers de partenariats avec d’autres enseignes, comme Jumbo, Franprix et Walmart, tandis que Maxeda simplifie ses activités en combinant les succursales Formido et Praxis aux Pays-Bas. Mais les deux détaillants subissent par conséquent des coûts de transformation élevés. Les plateformes locales de e-commerce telles que bol.com et Coolblue doivent s’attendre à être confrontées à une concurrence croissante d’Amazon et de Veepee.com et à perdre des parts de marché.
Le secteur alimentaire se développe en ligne
Les supermarchés seront moins touchés par la conjoncture économique ; le secteur des loisirs et des objets personnels progresse : il y a en effet une demande croissante pour le luxe et l’utilisation des médias en ligne. Mais la croissance du e-commerce menace la part de marché et la rentabilité des magasins physiques de vente au détail établis. Les ventes du e-commerce enregistrent désormais leur plus forte croissance dans des catégories pour lesquelles la commercialisation en ligne était historiquement faible, comme le bricolage et surtout la nourriture. À terme, cela pourrait peser sur le chiffre d’affaires de Carrefour, Colruyt et Ahold Delhaize.
L’impact du pure player Picnic reste pour l’instant limité, mais c’est le détaillant qui a connu la plus forte croissance au cours de la période 2015-2018 et sa part de marché augmente rapidement. Les discounters tels qu’Aldi, Lidl et Action n’ont pas grand-chose à craindre du commerce en ligne et continueront à remporter des parts de marché, tout comme Jumbo. Selon Moody’s, Colruyt et Ahold Delhaize devraient être en mesure de défendre leur part de marché : ils ont l’envergure nécessaire et ont développé une solide offre de marques propres ainsi que de bonnes activités en ligne. En revanche, les enseignes plus faibles, comme Louis Delhaize et Carrefour, subiront davantage la pression sur les prix exercée par les discounters. En Belgique, les hypermarchés souffrent en effet de problèmes structurels.