Faisiez-vous, vous aussi, partie de ceux qui voyaient en Saint-Nicolas une ville dont le secteur du détail était voué à une mort certaine, étant donné l’ouverture du Waasland Shopping Center ? Et bien, revoyez votre copie !
De nombreux atouts
« Il faut bien l’admettre, cette ville revient de très loin », concède Carl Hanssens, échevin des classes moyennes et de l’économie. « Le commerce local a toujours été au centre de l’attention, notamment du point de vue de la mobilité, mais nous créons désormais un véritable cadre politique ayant pour but de faire tomber toutes les barrières à la réussite des entreprises, et ce à un maximum de niveaux, avec des avantages fiscaux, une simplification administrative, de la transparence, de la concertation… »
Et quand Carl Hanssens nous parle du mouvement de dépassement – que dis-je : du sprint de dépassement – de Saint-Nicolas, l’enthousiasme et la motivation transparaissent d’autant plus. Des sentiments que Nele De Klerck, gestionnaire du centre-ville, n’éprouve d’ailleurs aucune difficulté à partager : « Pour l’établissement du nouveau portail pour les entrepreneurs, toutes les entreprises de Saint-Nicolas, et notamment les établissements Horéca et les commerces de détail, ont été consultés et entendus dans le cadre d’une enquête. Les atouts de Saint-Nicolas y ont été abordés, ainsi que les récits inspirants d’entrepreneurs. Le portail constitue une réelle avancée. Outre une foule d’actualités, il est également possible d’y introduire des demandes de primes en ligne et d’y consulter les informations concernant les derniers travaux routiers. Nous y mettons également certains immeubles commerciaux à l’honneur, au moyen d’un lien vers bizLocator. »
La politique de gestion investit considérablement dans l’entrepreneuriat local. Avec plus d’un demi-million d’euros de subsides, la ville déploie à tour de bras des initiatives de rénovation, de relocalisation, mais aussi pour les starters. Une zone d’attention a été délimitée. Au sein de celle-ci, les autorités régionales visent le renforcement du centre-ville, et ce notamment au travers d’évènements commerciaux et axés sur l’expérience, de primes pour les starters et pour les travaux de rénovation, en stimulant l’habitat et les espaces de travail au-dessus des magasins, en renforçant la concertation via la gestion du centre-ville, en déployant des efforts supplémentaires en matière d’ordre, de propreté et d’éclairage d’ambiance. En dehors de la zone d’attention, les autorités régionales misent sur la réaffectation. La ville dispose d’une taxe sur l’inoccupation pour limiter le nombre d’immeubles inoccupés dans et en dehors du centre-ville. Une politique bidirectionnelle qui porte ses fruits.
Accessibilité
« Ce sont surtout les starters qui connaissent des difficultés à l’heure actuelle », précise Carl Hanssens. « Nous leur donnons un coup de pouce en leur versant une aide de 5 000 euros durant les premiers mois suivant leur lancement et nous les exonérons totalement d’impôts durant trois ans. Saint-Nicolas est une ville sympathique pour lancer son activité dans un calme relatif. Dans les grosses villes, c’est plus difficile. Grâce à nos lignes de communication assez courtes avec le coach Horéca, le gestionnaire du centre-ville et le fonctionnaire responsable de l’économie locale, nous sommes en mesure de garantir un service personnalisé et accessible lors de nos contacts et lorsque nous répondons aux questions. »
C’est également nécessaire, car le marché évolue rapidement. Quand le Waasland Shopping Center s’est ouvert en 2004 pour devenir ensuite l’un des centres commerciaux les plus courus de Belgique, la ville était justement en train de réaménager la grand-place et la place de la gare. Un malheureux concours de circonstances qui a orienté les clients en dehors de la ville. Le centre de Saint-Nicolas en a largement fait les frais, notamment sous la forme d’un taux d’inoccupation très élevé dans l’ancienne Stationsstraat qui donnait l’impression d’être totalement éteinte.
Avantage compétitif
D’après Katrien Giebens, consultante indépendante, c’est un peu facile de resservir incessamment le ‘cas emblématique’ de Saint-Nicolas pour aborder l’impact des centres commerciaux sur les centres-villes. « Ça devient une sorte d’’urban legend’ qui n’a de cesse de ressurgir et qui poursuit son petit bonhomme de chemin. Ces dernières années, l’inoccupation dans le centre-ville a également été abordée avec modernité et tant la ville que le centre commercial sont convaincus de leur complémentarité, de leur renforcement mutuel, tous deux cherchant à se rapprocher et à collaborer.
La ville joue d’ailleurs encore toujours son rôle de centre urbain au sein d’une grande zone de chalandise. Chaque jour, 23 000 jeunes fréquentent l’école de Saint-Nicolas et, dans les secteurs des soins de santé et de l’emploi également, on observe une forte relation avec la région au sens plus large. Pour Carl Hanssens, les choses sont très claires : « Étant situés entre l’E34 et l’E17, à l’écart des bouchons et des flux de circulation denses, le Waasland Shopping Center, mais aussi la ville en elle-même bénéficient d’une bonne accessibilité : il s’agit même là d’un avantage compétitif. »
Une expérience de qualité
Il n’a pas non plus échappé à Carl Hanssens qu’une nouvelle fibre de détail s’est développée dans les villes commerçantes actuelles. « Les commerces meilleurs marché enregistrent de bonnes prestations, de même que le segment supérieur – en veillant au service, à une meilleure qualité de produits et à des marges supérieures – qui affiche d’excellents chiffres, et ce malgré des surfaces restreintes et une clientèle plus réduite. Seul le segment médian semble clairement rencontrer plus de difficultés. Cela est notamment dû à la concurrence redoutable du commerce en ligne et des magasins de la périphérie. »
La stratégie de la politique menée par Saint-Nicolas est effectivement de miser – outre sur les grandes chaînes qui restent toujours intéressantes – aussi fortement sur les starters et sur les entrepreneurs désireux d’ouvrir un deuxième ou un troisième commerce. « Nous devons répondre à cette demande en offrant un service adapté et une expérience de qualité dans les rues commerçantes », affirme Carl Hanssens avec conviction. « Dans une ville qui entreprend, il ne s’agit pas seulement de commerces de détail et d’établissements Horéca, mais aussi de prestataires de services, comme des architectes et… des agences de voyage, il faut le dire, car ces dernières refont leur apparition ! »
Une créativité débordante
« Nous attirons des clients potentiels en organisant des évènements », ajoute la gestionnaire du centre-ville Nele De Klerck, « ce qui permet ensuite aux détaillants, aux exploitants du secteur Horéca et aux autres entrepreneurs de travailler au niveau du mix. » Au sein de la zone d’attention, les détaillants ont tendance à opter pour de plus petits immeubles, laissant les plus grands généralement vides. Tenant compte de cette nouvelle réalité du secteur du détail, la ville essaie de remplir des surfaces plus restreintes avec une diversité de fonctions. « Nous impliquons le détail dans le tissu urbain au sens plus large, avec notamment la culture. Saint-Nicolas dispose d’un centre culturel actif, d’un théâtre, d’un cinéma et propose des spectacles musicaux dans la salle de concert rénovée De Casino… Tout se trouve au cœur de la ville. Les secteurs du détail et de la culture doivent encore se renforcer davantage mutuellement à l’avenir. »
Katrien Giebens pointe la transformation dont a bénéficié la tant méprisée Stationsstraat. « Grâce à son réaménagement, c’est désormais une rue regorgeant d’atouts ! La végétation, la musique, les nombreuses boutiques avec un petit ‘plus’, le bar vegan Arketto, le bar à lunch et petit-déjeuner branché Soep&Zoet (qui avait décroché le titre de ‘starter de l’année’), les conceptstores de haut vol que sont Perron 87 et Perron 47… Autant de commerces misant sur l’expérience et gérés par des entrepreneurs qui ne choisissent pas la facilité. » Ajoutez encore à cela le WiFi public et un système de fidélisation, permettant de gagner du temps de stationnement, et vous constaterez combien la créativité est débordante ici.