Malgré l’augmentation des ventes, de nombreux détaillants sont en difficulté financière car ils sont confrontés à une hausse des coûts et à de lourdes dettes. L’assureur-crédit Allianz Trade met en garde contre une vague de faillites.
« Une période très difficile »
« Les choses vont mal pour de nombreux détaillants, même s’ils voient leur chiffre d’affaires augmenter. Nombre d’entre eux sont aux prises avec des stocks importants qui pourraient devoir être mis sur le marché à des prix de dumping. Dans tous les cas, la situation se dégrade », déclare Johan Geeroms d’Allianz Trade. En effet, les augmentations de chiffre d’affaires sont purement dues aux augmentations de prix : les volumes diminuent alors que les coûts augmentent. De nombreux détaillants sont lourdement endettés et éprouvent des difficultés à faire face à leurs obligations en raison de la hausse des taux d’intérêt.
Une étude européenne menée par l’assureur-crédit Allianz Trade montre une image paradoxale des dépenses des ménages : les consommateurs réduisent leurs dépenses quotidiennes telles que l’alimentation, l’électricité et l’essence, mais dépensent en même temps plus d’argent pour les voitures, les appareils électroménagers, les meubles, les vêtements et les jouets. Cette croissance des dépenses ne suffit pas à apaiser les inquiétudes du secteur du commerce de détail : « Au contraire, nous prévoyons une période très difficile. Le commerce de détail a bien d’autres préoccupations. Il suffit de penser aux pénuries de personnel, à l’augmentation des salaires, à la hausse des coûts de l’énergie. Pour de nombreux produits, ces coûts plus élevés ne peuvent pas être simplement répercutés sur les prix. »
Mode, grands magasins et commerce électronique
D’un point de vue financier, les détaillants sont en difficulté, explique M. Geeroms. « Ils n’ont pas les moyens de réaliser les investissements nécessaires, tels que la numérisation, qui est vitale. » Il cite le cas de grandes enseignes qui ont récemment connu des difficultés : Scotch & Soda, Score Group, le fabricant de bicyclettes VanMoof et la faillite de Makro en Belgique au début de cette année.
« Selon notre département de recherche, la probabilité de grandes faillites (entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel de 50 millions d’euros ou plus) a fortement augmenté. L’année dernière, il y a eu 16 entreprises avec un chiffre d’affaires total de plus de 5 milliards, et cette tendance s’accélère. Rien qu’au premier trimestre de cette année, 11 dossiers représentant 2,4 milliards d’euros ont été perdus. Ces grandes chaînes et marques, en particulier, doivent investir beaucoup. Souvent, elles sont déjà très endettées. La hausse des taux d’intérêt, qui s’ajoute à toutes les autres augmentations de coûts, fait qu’il est de plus en plus difficile de faire face aux obligations. Selon Allianz Trade, les chaînes de mode, les grands magasins et les détaillants en ligne sont les plus menacés.