« Réduction de moitié ou payant »
En novembre 2013 la Commission européenne précédente avait opté pour une procédure en douceur : l’utilisation de sachets en plastique devait diminuer de 80%, mais à chaque État Membre de décider comment réaliser cet objectif et surtout dans quel délai.
La nouvelle Commission Juncker avait repris cette approche, mais lundi soir le Parlement européen et les 28 États Membres ont formulé un compromis bien plus sévère, que l’on pourrait résumer comme suit : « Réduction de moitié ou payant ».
Selon ce nouveau compromis, les États Membres ont le choix entre deux options : soit réduire l’usage des sacs en plastique à une moyenne de 90 sachets par personne par an d’ici fin 2019 et à 40 sachets d’ici fin 2025 (ce qui correspond à une réduction de moitié, sachant qu’aujourd’hui la moyenne européenne se situe à 200) ; soit instaurer une taxe sur tous les sacs jetables à partir de 2018, afin de dissuader les gens d’utiliser des sacs en plastique.
La Commission émet des doutes
Le Commissaire européen Frans Timmermans, responsable d’une « meilleure réglementation », a d’emblée émis des doutes quant à la faisabilité de ce compromis. Certains États Membres ne disposeraient pas de données suffisantes pour fixer des objectifs exécutoires européens et de plus la labellisation des sacs biodégradables n’est pas encore au point.
« Nous soutenons l’objectif de réduire l’usage de sachets en plastique jetables et de lutter contre les déchets et la pollution en mer », commente une porte-parole de la Commission, mais « on sait à quel point la nouvelle Commission attache une grande importance à une meilleure réglementation. »
Ce qui semblait dégénérer vers un affrontement entre la Commission et le Parlement, s’est finalement solutionné lorsque l’euro-commissaire néerlandais Timmermans a fait savoir que la Commission renonçait à sa contestation du compromis. Plus rien n’empêche donc l’approbation de la nouvelle directive.
Pollution
On estime qu’en 2010, 98,6 milliards de sacs en plastiques jetables ont été utilisés en Europe, dont plus de 8 milliards ont échoué dans la nature en tant que déchets sauvages. Aujourd’hui les déchets de plastique représentent 80% de la pollution en mer. Sur le littoral britannique par exemple on trouve un sac en plastique tous les 23 mètres.
Avec une moyenne d’environ 100 sacs en plastique par personne par an la Belgique figure parmi les bons élèves ; une moyenne nettement inférieure aux 460 sachets utilisés par les Portugais et les Polonais. Mais il y a moyen de faire beaucoup mieux, la preuve : les Danois et les Finlandais utilisent à peine quatre sachets par personne par an !