Ursula von der Leyen va-t-elle introduire le Nutri-Score et les robots dans toute l’UE ? Le développement durable est l’une des priorités de la nouvelle présidente européenne et son équipe : « Nous devons consommer et commercer autrement », estime-t-elle.
Priorité au climat et à la digitalisation
Depuis le 1er décembre l’Allemande Ursula von der Leyen est officiellement aux commandes de la Commission européenne : dans les cinq années à venir la présidente et son équipe marqueront la politique européenne de leur empreinte, avec pour fers de lance le climat et la digitalisation. Ce double défi concerne également le commerce de détail et le secteur alimentaire.
Le 11 décembre Von der Leyen dévoilera le contenu de son Green Deal, qui comprendra les objectifs et projets climatiques de l’UE en vue d’une Europe climatiquement neutre d’ici 2050. En attendant résumons ce que nous savons déjà sur les points de vue de la présidente européenne.
Quelles sont les priorités pour la présidente ? « Nous devons changer notre manière de produire, de consommer et de commercer », a-t-elle déclaré dans un discours lors de sa nomination. Dans cette optique Von der Leyen accorde une grande attention à l’alimentation : selon elle, la sécurité alimentaire fait partie des efforts à fournir en vue de sauvegarder l’environnement naturel européen, au même titre que les défis liés à la biodiversité, le changement climatique et la déforestation.
Durabilité de la ferme à l’assiette
« Nous avons besoin d’une stratégie durable de la ferme à l’assiette. Cela passe par l’accès au capital pour les jeunes agriculteurs jusqu’ au respect des standards environnementaux de l’UE pour les produits alimentaires importés, venant de pays externes », a-t-elle déclaré récemment.
Après le Brexit le Royaume-Uni aussi fera partie de ces pays externes, ce qui impliquera toute une série de certificats, d’adaptations d’emballages et de procédures de contrôle supplémentaires, tant pour les fabricants importateurs qu’exportateurs. L’actuelle stratégie ‘farm to food’ de la Commission européenne se focalise en effet sur la protection de la santé et la sécurité alimentaire, avec l’accent sur la réglementation et le contrôle des labels, les allégations nutritionnelles et de santé, l’hygiène alimentaire et le bien-être.
Le Nutri-Score sur tous les emballages ?
L’UE plaide également pour un système d’étiquetage standardisé à l’échelle mondiale. Selon FoodNavigator, il est fort probable qu’en 2020 la Commission européenne initie un projet d’harmonisation de l’étiquetage dans toute l’UE. Le système choisi pourrait être le Nutri-Score, vu qu’il est déjà utilisé entre autres en Belgique, en France et en Allemagne et vu l’appel du ministre allemand de la Santé, entre autres, à déployer le système à l’international.
En outre l’UE souhaite s’ouvrir davantage aux nouveaux produits innovants, notamment via un outil d’enregistrement en ligne, des catégories alimentaires plus larges et la possibilité d’obtenir des autorisations individuelles pour une période de cinq ans sur base de données protégées. La Commission européenne espère ainsi stimuler une approche plus ouverte et innovante dans la production et la promotion de l’alimentation.
Un retard à rattraper dans le B2C
L’innovation constitue également le fil rouge de la digitalisation, qui ces cinq prochaines années sera supervisée par la Commissaire à la Concurrence Margrethe Vestager. Durant son précédent mandat elle s’est distinguée par de grands procès menés à l’encontre de multinationales comme Amazon, Facebook et Google : « Nous devons adapter notre marché interne à l’ère digitale, optimiser l’utilisation de l’intelligence artificielle et de grandes quantités de données, améliorer la cybersécurité et renforcer notre souveraineté technologique », souligne Vestager.
« La digitalisation a un énorme impact sur notre manière de vivre, de travailler et de communiquer. Dans certains domaines l’Europe a un retard à rattraper – notamment dans le business to consumer –, alors que dans d’autres domaines nous sommes des précurseurs – notamment de le business to business », estime la Commissaire danoise.
Dans ce contexte Ursula von der Leyen voit même des possibilités pour la robotique en vue de remplacer la main-d’œuvre humaine : elle veut utiliser des robots pour décharger les humains de tâches « trop répétitives ou trop lourdes », pour qu’ils puissent se consacrer à ce que les ordinateurs ne peuvent offrir : l’empathie et la créativité. La nouvelle Commissaire européenne ouvrirait-elle les portes non seulement au Nutri-Score, mais également à une automatisation poussée ?