Comment le paysage du commerce de détail a-t-il évolué au cours des quatre dernières années ? Il s’est vidé, selon une analyse de Locatus. Tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, le nombre de magasins a diminué, tandis que le taux d’inoccupation augmente.
Le nombre de magasins continue à diminuer
La numérisation du commerce de détail laisse indéniablement des traces sur les rues commerçantes : depuis 2010, le nombre de passants dans les quartiers commerciaux les plus fréquentés du Benelux diminue chaque année. Aux Pays-Bas, la baisse dépasse même les 20%, tandis qu’en Belgique les magasins ont perdu 5% de visiteurs. Et cela sans compter l’effet du coronavirus en 2020…
Par conséquent, il y a désormais moins de magasins physiques en Belgique et aux Pays-Bas. En Belgique, la tendance est plus manifeste, avec une diminution globale et constante du nombre de points de vente. Aux Pays-Bas, la tendance de fermeture des magasins a longtemps été compensée par une croissance du secteur de l’horeca, mais là aussi, le modèle semble avoir atteint ses limites.
Au début de cette année, il y avait 2,1% de magasins en moins qu’en 2017 aux Pays-Bas, en ce compris l’horeca et le secteur hors vente au détail, contre une diminution de 3% en Belgique. Au Luxembourg, le nombre de magasins a augmenté de 4,5%, grâce à la mise en œuvre de plusieurs grands projets commerciaux. Le spécialiste des données Locatus table sur une diminution continue du nombre de locaux commerciaux (occupés) dans les prochaines années.
Taux d’inoccupation limité aux Pays-Bas
Les catégories ayant le plus souffert en Belgique et au Luxembourg sont les boutiques de prêt-à-porter et les commerces consacrés aux « Loisirs ». Il y a également beaucoup moins de magasins de décoration d’intérieur et de bricolage qu’il y a quatre ans. Aux Pays-Bas, en revanche, la répartition entre les différents secteurs reste assez similaire.
Une catégorie qui est en forte augmentation est celle de l’inoccupation : en Belgique, le taux d’inoccupation est passé de 9,6% en 2017 à 11,8%. Aux Pays-Bas, cette augmentation est restée nettement plus limitée, passant de 7,2% à 7,5%, et ce principalement parce que le secteur de l’horeca a repris une grande partie des locaux vides. En outre, des locaux commerciaux ont été transformés en logements ou en bureaux. Par conséquent, les chiffres sont restés du même ordre de grandeur dans la plupart des provinces, à l’exception du Limbourg, du Flevoland et de la Hollande-Septentrionale, où le taux d’inoccupation est monté en flèche.
Le Luxembourg s’emballe
La Belgique s’est également investie dans la reconversion de locaux commerciaux excédentaires, comme le démontre la diminution du nombre de points de vente, mais cet effet a été largement annulé par l’ajout simultané de nouvelles constructions en périphérie. Par conséquent, le taux d’inoccupation a augmenté dans toutes les provinces. Anvers (11,3%) et le Brabant flamand (10,2%) ont enregistré l’augmentation la plus faible, mais frôlaient déjà la moyenne nationale.
Au Luxembourg, il semble qu’il y ait plus de locaux commerciaux que nécessaire. Le petit pays a enregistré la plus forte augmentation du taux d’inoccupation, qui est passé de 6,9% à 9,2%. « La construction de nouveaux centres commerciaux dans ce pays a entraîné une augmentation considérable du nombre de points de vente. Une offre qui semble excédentaire pour le marché », remarque l’analyste Björn Jansen, de Locatus. La superficie totale de vente au détail a augmenté de pas moins de 21,4% en quatre ans. En Belgique, la superficie totale de vente au détail a également augmenté au cours des quatre dernières années, bien que de 2,4% seulement. Aux Pays-Bas, celle-ci est restée assez stable, avec une très légère baisse de 0,7%.
Plus de détaillants avec moins
Aujourd’hui, le nombre de différents détaillants actifs a augmenté dans les trois pays. Les Pays-Bas ont acquis 4,7% de formules de magasins, la Belgique et le Luxembourg plus de 9%. Certes, ces chaînes évoluent aujourd’hui avec quelque 2,5% de magasins en moins. Rien qu’au Luxembourg, le nombre total de chaînes de magasins a augmenté de 14,4% et celles-ci investissent davantage le paysage du commerce de détail : près d’un quart (24,8%) de tous les magasins physiques appartiennent désormais à une chaîne. C’est 2,2% de plus qu’en 2017 et supérieur à la moyenne aux Pays-Bas (23,3%) et en Belgique (18%).
En d’autres termes, le paysage de vente au détail actuel compte moins de visiteurs et moins de magasins. L’adéquation entre l’offre et la demande pourrait peut-être être améliorée car, dans certaines régions, notamment en périphérie, la superficie commerciale continue à augmenter alors qu’ailleurs le taux d’inoccupation est en hausse. Aux Pays-Bas, la transition vers davantage d’établissements de restauration a longtemps pu absorber l’inoccupation mais, après la pandémie de coronavirus, il faudra certainement chercher de nouvelles solutions. L’intégration d’autres services et formes de commerce hors du canal de vente au détail pourrait-elle permettre de redonner vie aux rues commerçantes ?