Quel est le point commun entre l’archétype de la chaîne de grands magasins britannique qu’est Marks & Spencer et le géant chinois de l’e-commerce Alibaba ? Tous deux ont leur propre influenceur virtuel. Ces influenceurs générés par ordinateur sont des visages parfaits pour les marques : ils sont en effet totalement malléables.
Plus rapide et plus flexible
Marks & Spencer a un nouveau visage sur Instagram : Mira, 32 ans, Digital Designer au M&S Support Centre, rejoint les 13 membres de l’équipe Insiders de la chaîne britannique de grands magasins. Les M&S Insiders sont des employés du retailer qui partagent leurs inspirations stylistiques et les produits qu’ils découvrent avec leurs followers sur les médias sociaux. Cette équipe de 13 personnes est d’ailleurs une totale réussite : le contenu des insiders suscite en moyenne 30% de réactions en plus que celui des influenceurs externes.
Il sera néanmoins difficile d’organiser une réunion d’équipe avec Mira. Tout simplement parce que Mira n’existe pas. C’est un personnage numérique développé à l’aide d’une combinaison de photographie, de CGI avancée et de vision par ordinateur, rapporte The Industry.
Selon M&S, l’introduction d’un personnage virtuel lui permet de réagir plus rapidement à tout ce qui est « tendance » sur Instagram et de gagner en flexibilité quant à la manière et le moment où le contenu est mis en ligne. L’influenceur virtuel pourrait également favoriser les relations avec les plus jeunes consommateurs qui s’intéressent à ces nouveautés technologiques.
Événements virtuels et défilés
C’est une tendance venue d’Orient : les influenceurs virtuels sont effectivement très populaires auprès des jeunes consommateurs. En Chine, la plate-forme Alibaba misera d’ailleurs elle aussi sur des visages marketing numériques à l’occasion de la fameuse la « fête des célibataires » – ou 11.11. Les influenceurs virtuels Ayayi et Noah seront en effet omniprésents pendant ces deux jours de shopping frénétique en Chine : ils animeront des défilés virtuels, réaliseront des livestreams et accueilleront des événements en ligne. « C’est encore un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’expérience d’achat en ligne pour les jeunes consommateurs », indique Alibaba dans un communiqué.
Lancée en mai de l’année dernière, Ayayi était la première influenceuse virtuelle de Chine. Louis Vuitton, L’Oréal, Prada et Tiffany & Co, notamment, ont déjà travaillé avec elle. Ayayi compte désormais plus d’un million de followers sur les médias sociaux et sera le visage du fabricant d’électronique Haier pendant le festival 11.11 de cette année.
Les modèles parfaits
Face aux mesures sévères prises récemment par le gouvernement contre les secteurs de la technologie et du divertissement, de plus en plus de marques se réfugient dans les influenceurs numériques en Chine. Mais ces influenceurs s’inscrivent également dans les évolutions vers le métavers et constituent bien entendu des modèles parfaits, car ils sont littéralement réalisés sur mesure et totalement malléables.
Entre-temps, L’Oréal a également Mr.Ou, son propre influenceur virtuel franco-chinois, et Alibaba a lancé Noah. Ce beau jeune homme brun a été élaboré à partir d’une enquête sur la plate-forme de médias sociaux Weibo. « Plus 21.000 personnes ont donné leur opinion sur le type de personne que Noah devait être, ses qualités et son aspect extérieur », a expliqué Alibaba.
Relations avec le monde physique
Les influenceurs virtuels trouvent de plus en plus leur place dans le « monde réel ». Le mois dernier par exemple, Noah a discuté avec des internautes pendant une heure à l’occasion d’un livestream de la marque de mode américaine Tommy Hilfiger. C’était la première fois qu’un personnage virtuel interagissait avec des personnes réelles dans un livestream.
En dépit des « nombreuses difficultés techniques » – il n’a pas été facile de rendre les expressions faciales et les mouvements aussi réalistes que possible –, 670 000 personnes ont assisté au livestream. Et le chiffre d’affaires brut réalisé par Alibaba lors des livestreams était quatre fois plus élevé que la normale. En Occident, le baiser entre Bella Hadid et l’influenceuse virtuelle Lil Miquela dans une pub Calvin Klein a été l’un de ces moments emblématiques où les deux mondes se touchent.
Les marques auront sans doute de plus en plus recours à des influenceurs virtuels à l’avenir. Le 9 novembre, Ayayi et Noah participeront ainsi à une exposition sur les métavers organisée par Alimama, la branche d’Alibaba spécialisée dans le marketing numérique. Ils y présenteront des vêtements et des accessoires virtuels. Et la famille virtuelle d’Alibaba continue de s’agrandir. Trois influenceurs ont déjà été ajoutés cette année : Alpha et ses cheveux bleus, Muse et sa chevelure rouge et Panda Girl.
Plus de 200 influenceurs virtuels sont déjà actifs. Vous souhaitez en savoir plus sur cette nouvelle hype marketing ? Vous apprendrez tout ce que vous devez savoir sur ce sujet dans le nouveau livre The Future of Shopping, nominé pour le PIM Marketing Literature Prize 2022.