5% de grévistes en Flandre, 20% en Wallonie
Tout comme les chiffres des manifestations, les chiffres des grèves divergent fortement selon les sources. Alors que les syndicats parlent « d’une grève encore plus massive que celle de 1993 » (contre les mesures d’économies du gouvernement Dehaene), les employeurs avancent d’autres chiffres. Selon l’organisation des entrepreneurs indépendants Unizo, « seuls 7% des PME ont eu affaire à la grève d’une partie de leur personnel », alors que pour le Syndicat Neutre pour Indépendants (SNI) il est question de « seulement 6% de petites entreprises avec un ou plusieurs employés en grève. »
Quant au mouvement de grève dans le commerce, Comeos, la fédération du commerce et des services, fait part du bilan suivant : « La tendance des journées de grève régionales se poursuit », indique Dominique Michel, administrateur délégué de Comeos. « Très peu de magasins ont dû fermer leurs portes par manque de personnel. Toutefois, les piquets de grève empêchant les travailleurs non grévistes et les clients d’accéder aux centres commerciaux, rues commerçantes ou magasins ont contraint ces magasins de rester portes closes. Parfois quelques heures seulement – jusqu’à ce que les piquets soient levés – d’autres fois toute la journée. Pour la journée de grève nationale la situation est similaire avec 5% de grévistes dans les magasins en Flandre et 20% en Wallonie et à Bruxelles.
Centre de gravité des actions dans les chaînes wallonnes
Chez Delhaize, 88 des 138 supermarchés en gestion propre n’étaient pas accessibles ce lundi 15 décembre. « Il s’agit de 25 des 75 supermarchés en Flandre et de tous les supermarchés à Bruxelles et en Wallonie », précise le porte-parole Roel Dekelver à l’agence de presse Belga. Par contre tous les supermarchés indépendants, 550 au total, (Shop &Go, Proxy Delhaize et AD Delhaize) étaient ouverts.
Chez Lidl la moitié des 300 magasins sont restés fermés, principalement en Wallonie. « En Flandre quatre cinquième des magasins étaient ouverts », selon le porte-parole Pieterjan Rynwalt.
Parmi les 748 points de vente Carrefour, 620 étaient ouverts, indique le porte-parole Baptise van Outryve. Les hypermarchés dans les retail parks notamment – ainsi que les autres chaînes présentes sur ces sites – ont souffert des barrages. Le pourcentage de magasins fermés était légèrement plus élevé en Wallonie qu’en Flandre.
Le Groupe Colruyt pour sa part a été confronté à des barrages devant ses centres de distribution à Malines et à Ath, ce qui a perturbé l’approvisionnement. Selon le porte-parole Jan Derom il est difficile d’évaluer le nombre de magasins fermés : « Certains ont ouvert momentanément, mais ont dû fermer après une demi-heure. »
Et enfin Albert Heijn, implanté uniquement en Flandre, semble avoir été peu affecté par la grève : seuls cinq magasins sur les 28 au total n’ont pu ouvrir « parce que les sites ou les voies d’accès étaient bloqués ou en raison d’un piquet de grève devant la porte », explique la porte-parole Sally Herygers.
Journée de grève = journée de shopping ?
Pourtant bon nombre de ces (soi-disant) grévistes n’ont pas hésité à profiter de cette journée pour faire leur shopping, souvent avec enfants puisque certaines écoles étaient elles aussi en grève. C’est ce que l’on a pu constater hier au Wijnegem Shopping Center (Anvers) : « Autant d’enfants un lundi ? Ce tout à fait inhabituel », explique une employée de Lego Store dans le journal Gazet van Antwerpen. « L’affluence n’est pas aussi importante qu’un samedi, mais l’ambiance est tout de même comparable à celle d’un mercredi. »
« Dans les magasins accessibles, nous avons effectivement vendu 15% de plus suite à la grève », indique Geert Gillis, directeur des ventes chez Dreamland, dans le journal Het Nieuwsblad. « Dommage que bon nombre de nos magasins aient été bloqués quasi toute la journée, les clients n’ont donc pas pu y accéder. Ce qui a occasionné des pertes plus importantes que ces 15%. »
Un scénario similaire s’est produit chez Ikea : « Généralement les jours de grève sont pour nous des journées très lucratives », indique le porte-parole Steven De Smet. « Les gens profitent souvent d’une telle journée pour faire du shopping, bien que cette fois bon nombre de magasins étaient difficilement accessibles. » Par contre après la levée des barrages les clients ont afflué : « A Gand, à moment donné une file d’attente de quelques centaines de voitures s’est formée, mais cela n’a pas suffi à sauver la journée. »
Moins de paiements via Bancontact
Autre preuve (indirecte) de l’impact négatif de la grève nationale sur le chiffre d’affaires des commerces : chez Atos Wordline, le gestionnaire de Bancontact, le nombre total de paiements était nettement inférieur à celui d’un lundi normal.
« Lundi de la semaine dernière nous avons enregistré 2.842.000 transactions. Ce lundi nous n’en avons compté que 2.237.000, soit plus d’un demi-million en moins », indique le porte-parole Bram Boriau dans le journal Het Nieuwsblad.