Le secteur du commerce de détail nécessite de toute urgence un plan de réouverture réfléchi, déclare Jorg Snoeck, le fondateur de RetailDetail. L’application incohérente des règles et la communication confuse de ces derniers jours ont été l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire.
Inexplicable
C’est l’un ou c’est l’autre. On ne peut pas être à moitié enceinte. La position ambiguë adoptée par les experts et les politiques concernant la réouverture des magasins en Belgique fait peine à voir. Naturellement, les chaînes de magasins de bricolage et de jardinage ont été ravies d’apprendre qu’elles pouvaient à nouveau accueillir des clients à partir de samedi – bien que la communication soit arrivée tardivement. Le fait que certains magasins aient été autorisés à ouvrir et d’autres non est en revanche inexplicable.
Les consommateurs avaient ainsi le droit d’acheter peintures et produits en sanitaire chez Brico, Gamma et Hubo, mais ils n’étaient pas autorisés à le faire chez des spécialistes comme Colora ou X2O, qui s’étaient pourtant parfaitement préparés afin que tout se déroule en toute sécurité. Pire encore : certains magasins ont d’abord été autorisés à rouvrir avant d’être finalement contraints de fermer à nouveau, certains commerces ne pouvaient ouvrir que dans certaines communes, mais pas dans d’autres… De l’improvisation pure. C’est pourtant simple : garantir une réouverture sécurisée n’a rien à voir avec les produits commercialisés, mais bien avec les mesures mises en place.
Amateurisme inadmissible
La sécurité et la santé des employés et des clients restent bien sûr la priorité absolue, qu’il n’y ait aucun doute là-dessus. Mais la politique vague qui a été menée ces derniers jours n’avait rien à voir avec des considérations sanitaires : il ne s’agissait que d’amateurisme inacceptable. Rien que le report des soldes prouve déjà qu’il n’y a pas d’expert autour de la table ; pour ne pas mentionner les « vrais chiffres » concernant le nombre de contaminations et de décès. Tout le monde ment, sauf nous ? Les étrangers ne voient qu’une seule chose : nous sommes un pays à haut risque. Il faudra attendre un certain temps avant qu’ils n’osent revenir dans nos villes…
Le fait que les décideurs politiques continuent de jouer avec le secteur, qui est pourtant le deuxième plus grand employeur du pays, dépasse l’entendement. Les rues commerçantes sont désertes, les coûts fixes sont toujours dus, un bain de sang économique est imminent. Il faut que cela cesse : nos magasins doivent rouvrir d’urgence, nos détaillants en ont assez de se laisser faire. La « distanciation sociale » est un choix de vie ou de mort jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé contre ce coronavirus. Mais s’il vous plait, ne la laissez pas devenir un choix de vie ou de mort pour le commerce.
Le temps presse
Que faut-il faire concrètement ? Rouvrir les magasins et y imposer des règles strictes, comme celles en vigueur dans les supermarchés. La nouvelle donne, garder ses distances, devient la norme. Celui qui ne respecte pas les règles, sera bien sûr contraint de fermer à nouveau et sans discussion – pendant un mois, par exemple. Donner la priorité aux groupes à risque et aux plus de 65 ans à certaines heures précises, comme le font déjà de nombreux supermarchés.
Plusieurs pays européens prouvent que c’est possible. En Autriche et en Allemagne, il existe un « plan de sortie » clair permettant aux magasins de rouvrir sous certaines conditions bien particulières. Les Pays-Bas n’ont, quant à eux, jamais imposé de fermeture obligatoire. Dans notre pays aussi, les supermarchés nous prouvent depuis des semaines qu’il est parfaitement possible de poursuivre ses activités de manière responsable dans des circonstances difficiles. La réouverture des magasins de bricolage et des jardineries s’est également déroulée de façon exemplaire. Les détaillants sont bien préparés et la plupart des clients se comportent de manière responsable. Où le problème réside-t-il alors ?
Cher gouvernement, le temps presse. Prenez une décision réfléchie avant qu’il ne soit trop tard. Bientôt, il n’y aura plus de magasins à rouvrir. Les détaillants ont été les premiers à prendre leurs responsabilités en fermant leur commerce avant que cela ne devienne obligatoire. Il est temps de leur permettre de les prendre à nouveau en rouvrant leurs magasins.