Un compromis en demi-teinte tel que le « shopping sur rendez-vous » ne sauvera pas le commerce de détail, maintenant que les magasins sont tout bonnement ouverts dans tous nos pays voisins. L’urgence doit être clairement entendue : des milliers d’emplois sont en jeu.
Inefficace et disproportionnée
Commençons par mettre les points sur les i : le commerce de détail et l’horeca ne sont pas le problème. Ils ne l’ont jamais été. Dans mon plaidoyer de lundi, j’ai déjà expliqué très clairement qu’il ne faut pas inverser la situation. Le commerce de détail n’est pas non plus responsable du fait que le secteur des soins de santé doive à nouveau sauver les meubles. Nous sommes dans le même bateau. Nous sommes en guerre, en guerre contre un ennemi invisible appelé le COVID-19. La fermeture générale des magasins est une mesure inefficace et disproportionnée : elle ne contribue pas à endiguer le virus, mais handicape l’économie de façon irréversible. Si nous voulons diminuer la pression, nous devons nous attaquer au cœur du problème.
Le contact tracing est indispensable. Mais le gouvernement n’arrive pas à le mettre en place. C’est navrant ! Les entrepreneurs développent eux-mêmes des solutions efficaces : la nouvelle application Trace Against Corona est basée sur l’application du gouvernement Coronalert et garantit la sécurité sur la base de données objectives. La population serait ravie de télécharger une application pour retrouver sa liberté. La motivation est importante. C’est beaucoup plus efficace que de faire des déclarations de bas étage sur la médecine douce et les blessures purulentes, pour reprendre les mots de celui qui, par le passé, voulait brûler l’argent et qui en fait maintenant de même avec notre économie. Quid de la mère célibataire qui doit nourrir ses enfants et qui perd son emploi ? Ou de l’entrepreneur qui ne peut plus payer ses factures ? On parle d’êtres humains !
Politique défaillante
La Belgique serait-elle soudainement devenue une île ? Le pays le plus isolé d’Europe ? Pour les étrangers, cela en devient risible. 11 millions d’habitants : pour de nombreux pays, la Belgique est une ville. À Wuhan, ils organisent déjà des événements de masse. Comme le souligne à juste titre Comeos, la moitié des Belges vivent à moins de 50 kilomètres de la frontière, et une famille belge sur trois traverse la frontière neuf fois par an pour faire des achats. Cela représente un milliard d’euros de perte de chiffre d’affaires, sans compter le coronavirus.
Tous les pays voisins maintiennent les magasins ouverts. Rien n’empêchera donc les consommateurs belges de faire leurs achats à Maastricht, à Breda, à Cologne, au Luxembourg, à Lille ou à Roncq en décembre. Et n’en doutez pas, ils vont le faire : les magasins se frottent les mains. Tout comme les célèbres plateformes en ligne : tout ce chiffre d’affaires qui s’envole à l’étranger. Avec la bénédiction de notre gouvernement : le commerce de détail a dû fermer, pour dissimuler une politique défaillante.
Bienvenue en Absurdistan
Le règlement visant à éviter la concurrence déloyale est une farce. Une gamme de produits essentiels ? Les gens achètent des cadeaux chez Rituals et Action (avec des rayons partiellement barricadés) tandis que Casa, Hema et Vanden Borre sont fermés. Les magasins qui vendent 80% des décorations de Noël dans un contexte favorable sont autorisés à ouvrir (jardineries, magasins de bricolage, discounters non alimentaires, supermarchés) mais… ils ne sont pas autorisés à vendre des décorations de Noël. Bienvenue en Absurdistan. Non, on ne peut décidemment pas dire que nos responsables politiques aient une grande expertise en matière de commerce de détail. Chez Amazon ou Zalando, cela ne les dérange pas.
Et cette politique crasse n’est pas sans conséquences : de plus en plus de détaillants jettent l’éponge en Belgique. La triste liste s’allonge de jour en jour. L’histoire s’arrête là pour Caméléon, Bart Smit, Sacha, Manfield, Santana, Camaïeu… Il y a eu un important assainissement chez Orchestra-Prémaman, Wibra, Switch… La protection contre les créanciers doit sauver e5 Mode et Neckermann. Mega World est au bord de l’effondrement. Sans parler des nombreux entrepreneurs indépendants qui ne font pas la une des journaux lorsqu’ils mettent définitivement la clé sous la porte. Un sur cinq ne voit plus comment continuer.
Faire les choses à moitié
C’en est assez : il est grand temps pour les détaillants de faire front. Le Premier ministre n’avait-t-il pas promis qu’il ne fermerait pas les magasins ? Son parti ne prône-t-il pas l’entrepreneuriat ? Les commerçants en ont plus qu’assez d’être les souffre-douleur des virologues. « It’s the economy, stupid! »
Il n’y a qu’une seule option admissible : rouvrir les magasins. Tous. Complètement. Tout de suite. La réouverture sur rendez-vous est un aveu de faiblesse. Un compromis à la belge. Certaines choses ne se font pas à moitié. Le click & collect n’est qu’une combine. Une absurdité. Nous sommes en décembre, les amis. Le mois d’achat le plus important de cette difficile année 2020. Allons-nous porter le coup de grâce au secteur de la vente au détail ? Non, n’est-ce pas ?
Pour la cent millième fois : le shopping est sans danger. Les magasins ne sont pas des foyers de contamination. Ils ne l’ont jamais été. Les mesures de prévention fonctionnent. Les magasins sont prêts. Ouvrez-les dès maintenant. Lors de la première vague, nous avons fait notre mea culpa, mais nous ne nous laisserons pas piétiner cette fois-ci. Prenez vos responsabilités !
Jorg Snoeck
Fondateur de RetailDetail