En France, en Italie, en Allemagne et, lentement mais sûrement, en Belgique. Partout, on étudie l’introduction du pass sanitaire, une attestation de vaccination complète ou de test négatif, comme « ticket d’entrée » dans la vie publique. L’intention est noble, mais est-ce vraiment aux commerçants ou aux exploitants de l’horeca de jouer aux gendarmes ?
Gilets jaunes versus pass sanitaire en France
Vous êtes libre de vous faire vacciner ou non, mais votre choix n’est pas sans conséquences. C’est à peu près la toile de fond des débats qui animent de plus en plus de pays au sujet de l’introduction d’un pass sanitaire. En Italie et en Israël, le pass est déjà une réalité. En Allemagne aussi, le pass sanitaire est largement utilisé. La France s’est également définitivement engagée dans cette voie lundi, dans un contexte de grande contestation, redonnant une cible au célèbre mouvement des gilets jaunes.
Dans notre pays aussi, des voix s’élèvent pour rendre le pass sanitaire obligatoire non seulement pour les gros événements, mais aussi pour les plus petits. Une introduction qui ne se verra probablement pas opposer une forte résistance. En Flandre notamment, où la campagne de vaccination avance bien, le soutien semble plus que suffisant. Les raisons sont nombreuses. Se faire vacciner, ce n’est pas seulement se protéger soi-même : c’est choisir de protéger son entourage et, par extension, l’ensemble de la société contre un virus dont on sait désormais qu’il ne disparaitra pas.
Pas encore pour l’horeca et les magasins en Belgique
Chez nous, personne ne songe à introduire ce pass pour les restaurants et les magasins. Même l’idée de le rendre obligatoire pour les mariages semble déjà excessive pour certains. Cette prise de position dépendra principalement de l’évolution des statistiques du coronavirus, avec la progressions du désormais tristement célèbre variant delta. En particulier si les admissions à l’hôpital repartent fortement à la hausse, reste à voir combien de temps il faudra avant que la question d’un pass sanitaire pour la fréquentation des établissements horeca soit mise sur la table.
Néanmoins, la prudence semble être de mise. Une organisation ayant l’expérience d’événements de masse tels que le Pukkelpop a jeté l’éponge lorsqu’il est devenu évident qu’il faudrait renforcer la capacité de test pour permettre au festival de se dérouler normalement. Dès lors, dans quelle mesure peut-on exiger des exploitants individuels du secteur de la vente au détail et de l’horeca qu’ils vérifient le pass sanitaire de chaque client ?
La plupart des petits indépendants qui tiennent un magasin ou un restaurant ne veulent qu’une seule chose : accueillir un maximum de clients le plus rapidement possible, et dans un contexte le plus normal possible. Ils supportent toutes sortes de mesures depuis un an et demi. Nous ne parlons même pas des fermetures obligatoires pendant le confinement, mais de l’obligation de faire ses achats seul, de l’installation d’écrans en plexiglas, de l’organisation de terrasses avec un mètre et demi entre les tables, de la limitation du nombre de personnes par table en fonction de la taille autorisée des bulles, etc.
Exploitants dans un costume de gendarme
Tout cela, bien sûr, dans un but plus large : contenir définitivement le coronavirus et retrouver le mythique « royaume de la liberté ». Mais à cela s’ajouterait en quelque sorte un « rôle de gendarme », puisque les clients ne pourraient pas entrer avant d’avoir présenté leur pass sanitaire. En tant que manager, ce n’est pas exactement l’accueil chaleureux que vous aimeriez réserver à votre client, sans parler du débat sur la compétence du manager pour l’exiger. Un cadre juridique sera nécessaire. Vu la vitesse à laquelle la Loi Pandémie a fait son chemin au Parlement, il n’y a pas vraiment de quoi se réjouir.
Nous sommes tous dans le même bateau, et la meilleure arme pour ne pas faire naufrage est actuellement une couverture vaccinale élevée, qui garantit que le virus ne puisse pas paralyser l’ensemble de la société. Concentrons-nous donc sur l’augmentation des chiffres de vaccination, en particulier dans les régions où la campagne de vaccination piétine, plutôt que de gaspiller de l’énergie dans des mesures qui risquent de manquer leur cible et de susciter plus de ressentiment que de bonne volonté.