La consommation diminue, mais la surface commerciale continue d’augmenter : le rendement du secteur du retail est donc sous pression, quoi de plus logique. Le déclin des magasins indépendants est important, les chaînes prennent leur place. La fédération du commerce Comeos tire la sonnette d’alarme : la politique doit changer.
Les chaînes supplantent le commerce indépendant
Ces dix dernières années la surface commerciale nette en Belgique a augmenté de pas moins d’un million de mètres carrés et atteint donc aujourd’hui 18,8 millions de mètres carrés. Une étude à grande échelle de l’ULB concernant le paysage commercial révèle que cette augmentation concerne avant tout les supermarchés et les grandes chaînes, qui affichent une hausse de 2,7 milliards de mètres carrés en dix ans, alors que le commerce indépendant a vu sa surface de vente diminuer de 1,6 million de mètres carrés.
Bien que la surface augmente, le nombre de magasins diminue : la Flandre compte actuellement 45.594 points de vente, soit 8.341 ou 20% en mois qu’il y a dix ans. La Wallonie en compte 22.682, ou 3.332 en moins qu’il y a dix ans (-15%). A Bruxelles le compteur affiche 8.932 points de vente, donc 823 de moins qu’il y a dix ans (-10%).
Le nombre de magasins dans notre pays a donc diminué, mais ils sont plus grands. Durant cette même période la surface de vente moyenne d’un magasin en Flandre a augmenté d’un quart, passant de 206 m² à 259 m². On observe une évolution similaire en Wallonie (de 200 m² à 253 m²). A Bruxelles l’augmentation est plus limitée : +15% (de 128 m² à 147 m²).
L’inoccupation offre des possibilités
La situation est particulièrement précaire dans le secteur de la mode, où le nombre de magasins a chuté (-18%), tandis que la surface a fortement augmenté (+20%), et ce au détriment des boutiques indépendantes. Même scénario désastreux dans le secteur du meuble. De plus, le fait que le nombre de mètres carrés de surface commerciale augmente annuellement de 0,5%, tandis que le chiffre d’affaires par mètre carré diminue annuellement de 0,7% est préoccupant. « Le secteur du retail va droit dans le mur », prévient Dominique Michel, CEO de Comeos, cité par le journal De Standaard.
Vu cette frénésie de construction le taux d’inoccupation augmente, tant dans les villes que dans la périphérie. En Flandre un magasin sur dix est actuellement inoccupé, en Wallonie la situation est encore plus dramatique, avec un magasin vide sur huit. En outre le taux de vacance durant cette dernière décennie a augmenté de 60% en Flandre, voire même de 80% en Wallonie.
« Les immeubles inoccupés constituent un facteur clé dans la politique à mener car ils offrent également des opportunités de réorientation », estime Michel. Dans un communiqué de presse il appelle à un changement de paradigme : « Il est grand temps que toutes les villes soient obligées de développer une vision commerciale en collaboration avec la région et le secteur du commerce. En outre, les critères objectifs doivent être respectés et si les délais sont dépassés, l’autorisation doit être accordée automatiquement au commerçant. Une décision négative ne pose pas de problème au commerçant, du moment que celle-ci soit annoncée rapidement et qu’elle soit objectivement motivée ».