Quatre franchisés se rendent au tribunal
Les franchisés, membres de l’asbl Pacaff, demandent au tribunal de désigner un expert indépendant en vue d’examiner avec effet rétroactif, les chiffres et les marges bénéficiaires du groupe durant la période 2007-2011. L’audience aura lieu demain au tribunal de Charleroi.
Contractuellement la marge doit être partagée de manière bien définie, mais les plaignants suspectent Mestdagh d’empocher pas mal de petits extras, grâce, par exemple, aux primes de fidélité et de quantité offertes par les producteurs ou par Carrefour lui-même. « Ne serait-il pas beaucoup plus avantageux d’acheter en direct auprès du fabricant ou de Carrefour », s’interrogent les franchisés.
Les franchisés demandent également à ce que l’expert vérifie la validité du contrat de franchise : « Chez d’autres distributeurs il n’y a pas d’interférences : chacun a son boulot et reste dans son rôle. Ici, tout est mêlé. Mestdagh est franchiseur, grossiste, partenaire financier de certains franchisés en difficulté, propriétaire d’un nombre croissant de magasins … Où est la légitimité du réseau ? Les exploitants sont-ils encore réellement indépendants ? »
Trois quarts des affiliés en difficulté
« Nous ne sommes pas dans une relation ‘win-win’, mais dans un ‘win-loose » , affirme l’un des franchisés. « Les chiffres le montrent. Alors que Mestdagh est en positif, son parc d’indépendants est en négatif sur toute la ligne : 65 % sont en état de déficit et 10 % sont sur le fil. N’y a-t-il pas là quelque chose de bizarre, puisque nous sommes censés partager les bénéfices : 25 % pour Mestdagh, 75 % pour l’affilié ? »
« Tout a changé en 2006 quand Henry Mestdagh a passé la main à ses fils et neveux », indique un autre franchisé. « Ils ne semblent pas avoir un profil d’épiciers, comme les Colruyt ou Delhaize, mais un profil financier. »
Mestdagh « serein »
Contacté par la RTBF, le patron Eric Mestdagh n’a pas voulu donner de commentaires, mais a laissé entendre qu’il aborderait l’affaire judiciaire « en toute sérénité ». Le groupe souligne que la franchise est un outil essentiel à la croissance : « Nous souhaitons développer notre réseau de franchise et par conséquent donner à nos franchisés les moyens de ce développement. » Par ailleurs le groupe indique que seuls quatre franchisés ont décidé de se rendre tribunal, alors que la plupart des affiliés sont satisfaits de la collaboration.
Quoi qu’il en soit toute cette affaire tombe au mauvais moment, car le groupe vient de lancer il y a deux semaines une grande campagne pour promouvoir sa nouvelle identité « Carrefour market-Groupe Mestdagh », après la conversion des magasins Champion en Carrefour Market.
Traduction : Marie-Noëlle Masure