Avec le départ du PDG de Marks & Spencer, la chaîne britannique fait le bilan de six années de transformation : ces dernières années, 68 magasins ont fermé, la chaîne de grands magasins s’est recentrée sur l’alimentation et elle a réduit sa montagne de dettes. Malgré tout, les magasins doivent être plus petits, plus efficaces et plus rentables.
Un trio prend le relais
Marks & Spencer a connu quelques années difficiles. Il y a six ans, Steve Rowe prenait les rênes en tant que PDG pour sortir la célèbre chaîne de grands magasins britannique du marasme. Aujourd’hui, il passe le flambeau à un triumvirat : Stuart Machin, Katie Bickerstaffe et Eoin Tonge.
Quel est le bilan de cette période ? L’année dernière, la société a enregistré un bénéfice avant impôts de 522,9 millions de livres, contre 403,1 millions de livres l’année précédant la pandémie de coronavirus. Le chiffre d’affaires a augmenté, principalement grâce au commerce électronique : le département alimentaire a progressé de 10 %, tandis que l’habillement et les articles ménagers ont enregistré une hausse de 3,8 % de leur chiffre d’affaires. Cette dernière est entièrement imputable aux ventes en ligne, qui ont augmenté de 55 %, alors que les ventes en magasin ont diminué de 11 %.
Sortir des centres-villes
Ces dernières années, Marks & Spencer a investi massivement dans l’alimentation, notamment avec de plus petits magasins M&S Food, ce qui lui aurait permis de devenir l’un des détaillants alimentaires les plus performants en Grande-Bretagne, selon l’entreprise. Ces dernières années, l’acquisition d’Ocado a constitué un ajout important, même si le chiffre d’affaires a reculé (ou s’est « normalisé », pour reprendre les termes de M&S) de 4 % l’année dernière par rapport au pic de coronavirus de 2020.
Pour les départements mode et articles d’intérieur, cependant, l’entreprise a encore du pain sur la planche. Rowe a déjà réussi à réduire considérablement l’offre excédentaire et le nombre d’actions de réduction, mais il reste encore une marge d’amélioration tant dans les magasins physiques que dans les systèmes en ligne. M&S travaille ainsi sur sa propre plateforme de marque en ligne, tandis que certains grands magasins sont encore dépassés et mal positionnés.
La chaîne veut principalement évoluer vers des magasins plus petits et plus modernes. Fait notoire : Marks & Spencer envisage surtout ces nouvelles succursales en dehors des centres-villes, dans des centres commerciaux dotés de places de stationnement en périphérie des villes. Dans les années à venir, M&S prévoit de fermer au moins 32 autres magasins, mais également d’ouvrir 15 grands magasins plus modernes et environ 40 magasins d’alimentation. « Les dix nouveaux magasins que nous avons ouverts l’année dernière ont déjà dépassé les prévisions de 11 % et seront rentabilisés d’ici un an et demi », indique le groupe.
« M&S a fondamentalement changé »
Maintenant que les « fondations ont été posées », le PDG Steve Rowe peut se retirer sereinement. De 1,8 milliard de livres de dettes et une hiérarchie lourde, l’entreprise a réduit ses dettes à seulement 420 millions de livres et s’est dotée d’une organisation agile. « Pour moi, il est important de restaurer les bénéfices et les flux de trésorerie, mais aussi que les chiffres démontrent que M&S a fondamentalement changé. Le chemin est encore long, mais l’entreprise n’a plus besoin de prouver sa pertinence et a des possibilités de largement se développer à l’avenir. »
Cela ne se fera pas du jour au lendemain, Marks & Spencer ne prévoyant pas un regain de rentabilité cette année. En effet, le marché russe s’est effondré pour la chaîne, les coûts augmentent et les consommateurs sont en proie à l’incertitude. En outre, M&S doit investir massivement dans Ocado cette année pour augmenter sa capacité.