Les supermarchés belges ont été l’un des rares secteurs à bénéficier de la crise sanitaire. Mais alors que le pire semble être passé, un vieux mal refait surface : il leur est de plus en plus difficile de trouver du personnel. Une enquête de RetailDetail apprend que la guerre des talents reprend.
Job Bus et primes
C’est Lidl qui a ouvert le feu : le discounter a annoncé la semaine dernière qu’il recherchait 350 nouveaux collaborateurs. Et il sort les grands moyens : le groupe de supermarchés va ressortir du garage son Job Bus où les candidats pourront s’entretenir directement avec leurs futurs supérieurs.
Mais ce sont surtout les autres initiatives de Lidl qui sont significatives du climat actuel. Le groupe disposait déjà d’un système de prime pour les employés qui présentaient de nouveaux collègues, mais les montants seront temporairement augmentés. En outre, un programme destiné aux personnes « éloignées du marché du travail » sera lancé à l’automne. Le signal est clair : on ne lésine pas sur les moyens pour trouver de nouveaux employés.
La porte-parole de Lidl, Isabelle Colbrandt, le confirme dans le communiqué de presse : « Comme nous ouvrons un nouveau magasin presque toutes les trois semaines, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux employés », y déclare-t-elle. « Mais par rapport à ces dernières années, nous avons un nombre particulièrement élevé de postes vacants cette année. » Le groupe recherche principalement des employés de magasin, des (assistants-)gérants et des étudiants pour ses magasins, mais aussi de préparateurs de commandes pour les cinq centres de distribution. Le manque de candidats est particulièrement aigu dans la région de Malines, où trois nouveaux magasins ont récemment ouvert leurs portes.
De nombreuses candidatures spontanées pendant la crise sanitaire
Mais Lidl n’est pas seul à être confronté à une pénurie de main-d’œuvre : c’est aussi le cas de Delhaize. « Nous avons encore reçu de nombreuses candidatures spontanées pendant la crise sanitaire », déclare son porte-parole Roel Dekelver. « De nombreux autres secteurs avaient été contraints de fermer leurs portes, alors que la grande distribution était réputée tourner à plein régime. Mais aujourd’hui, la concurrence est intense dans la recherche de talents. »
Le problème date d’avant la crise sanitaire. « Il n’y a pas assez de personnes disponibles sur le marché du travail pour remplacer ceux qui partent à la retraite », note Roel Dekelver. « Et les retailers sont confrontés à un défi supplémentaire. Nos conditions de travail spécifiques, qui impliquent de travailler le week-end et imposent des horaires particuliers, ajoutent à la complexité d’un marché du travail déjà tendu. »
Le personnel de l’horeca revient à ses premières amours
Chez Carrefour, on constate que ce problème qui se pose depuis un certain temps en Flandre s’étend désormais à Bruxelles et à la Wallonie. « Alors que nous reprenons progressivement une vie normale, nous avons l’impression que certains profils venus nous aider pendant la crise, notamment en provenance de l’horeca et de l’événementiel, retournent à leurs premières amours », explique sa porte-parole Aurélie Gerth. Chez Aldi, Tine De Keersmaker ajoute que les employés sont moins enclins à changer d’emploi dans le contexte de grande incertitude créé par la crise sanitaire.
Espoir pour l’automne
Colruyt ressent également ces tensions sur le marché du travail, mais sa porte-parole Hanne Poppe reste positive. « Nous recevons environ 5 000 à 7 000 CV chaque mois. Il y a donc des candidats », explique-t-elle. Colruyt compte environ 900 postes vacants, un nombre relativement stable qui s’explique par une combinaison de rotation naturelle, d’expansion du groupe et de nouvelles activités et spécialisations.
Le groupe voit la situation s’améliorer après l’été. « Cette année, le traditionnel creux estival a commencé en mai, plus tôt que d’habitude. Un phénomène qui s’explique par la crise sanitaire, l’attitude plus attentiste de la population et des mesures d’aide en vigueur. Mais nous attendons une reprise à l’automne. »