La possibilité est réelle qu’Alibaba ait des agents de renseignement chinois à Liège. Le géant de l’e-commerce pourrait également transmettre des données à caractère personnel de la Belgique vers la Chine. Le ministre de la Justice Van Quickenborne l’a en tout cas confirmé.
Accès à des informations sensibles
Les entreprises chinoises, en particulier les superpuissances comme Alibaba, opèrent sous l’étroite surveillance du gouvernement chinois. Le pays communiste dispose même d’une législation stipulant que toutes les entreprises doivent coopérer avec les services de renseignement nationaux et leur fournir un accès permanent. Y compris sur le sol belge, où Alibaba dispose d’une importante plateforme logistique dans l’aéroport de Liège.
Il est donc tout à fait possible qu’Alibaba ait amené des agents de l’État chinois dans ses bagages et que Pékin ait ainsi accès à des zones sensibles et sécurisées de l’aéroport. Une question parlementaire posée par le député Ecolo Samuel Cogolati révèle que la Sûreté de l’État belge en est parfaitement consciente et suit la situation de près. C’est ce que rapporte L’Echo.
Mais il est également « très probable » que des données à caractère personnel soient expédiées en Chine via la présence d’Alibaba à Liège, admet le ministre Vincent Van Quickenborne. Bien que personne ne puisse en avoir la certitude. « Alibaba devra également obéir à l’appareil de sécurité chinois dans le cas où ce dernier souhaite avoir accès aux données commerciales et personnelles potentiellement sensibles détenues par Alibaba dans le cadre de ses activités à Liège », a-t-il précisé. Une loi de 2016 oblige en effet les entreprises chinoises à stocker leurs données sur des serveurs chinois locaux et donne des pouvoirs étendus aux services de sécurité chinois qui peuvent consulter les serveurs informatiques.
Sacrifice sur l’autel de l’e-commerce
Cette nouvelle confirme les craintes exprimées depuis longtemps par Jorg Snoeck, le fondateur de RetailDetail : la croissance des acteurs technologiques chinois et leur succès croissant en Europe impliquent également une emprise croissante de l’État chinois sur l’Occident. Le gouvernement chinois est toujours à l’affût. En d’autres termes, nous avons presque tous un Chinois au fond de notre poche.
Le député Samul Cogolati souhaite désormais que les investissements en provenance de l’étranger soient filtrés et contrôlés de plus près. « On ne peut pas accepter que Liège devienne un pion de la stratégie de l’expansion économique de la Chine », a déclaré le député : « On ne va pas sacrifier nos libertés fondamentales sur l’autel de l’e-commerce. »