La crise énergétique provoque une indexation « insoutenable » des loyers commerciaux – un effet pervers de la présence de l’énergie dans l’indice santé. Les commerçants exigent des mesures : « Liez cet indice à l’efficacité énergétique de l’immeuble commercial. »
Un problème inhérent au système
« Les indexations de loyers se multiplient chez les commerçants », explique Koen Tengrootenhuysen, président de Retail Forum Belgium. « Nous parlons d’augmentations de 8 à 9%. Non pas parce que la valeur de l’immobilier augmente – au contraire, elle devrait baisser pour les immeubles mal isolés –, mais à cause du prix de l’énergie, qui est inclus dans l’indice santé. C’est un problème inhérent au système. »
Habituellement, l’indice santé fluctue autour de 1 à 1,5% – et ces dernières années, c’était encore moins. Mais avec l’explosion des prix de l’énergie, il a soudainement atteint 8,90%. « Nous sommes donc confrontés à des hausses de loyers de 9% qui viennent s’ajouter à l’augmentation de facture d’énergie. Pour un bâtiment ancien qui n’est presque pas isolé, c’est la double peine. »
« Lier l’indexation au score énergétique »
« Les commerçants paient leur propre énergie à leurs fournisseurs ; les propriétaires des immeubles n’interviennent évidemment pas. À cela s’ajoute maintenant l’indexation des loyers. C’est intenable. C’est pourquoi Retail Forum Belgium et Comeos – par l’intermédiaire de l’économiste Wim van Edom – plaident pour la création d’un nouvel indice, un « indice loyers » qui exclut totalement l’énergie. »
Comeos et Retail Forum Belgium proposent également de lier l’indexation à l’état du bien – et plus précisément à son score énergétique. « Dans un immeuble ancien, il est logique que le locataire paie un loyer moins élevé si l’énergie lui coûte plus cher. L’indexation est moins problématique dans un bâtiment neuf et performant sur le plan énergétique, parce que le locataire sait que la hausse de ses coûts énergétiques restera limitée. On obtient ainsi une situation gagnant-gagnant-gagnant pour le propriétaire, le locataire et la planète. »
Avec effet rétroactif
Comeos et Retail Forum Belgium préconisent une mesure avec effet rétroactif au 1er juin 2021. C’est une proposition à laquelle personne ne peut raisonnablement s’opposer, affirme Koen Tengrootenhuysen. Pour le gouvernement, une telle mesure est neutre sur le plan budgétaire. De plus, elle encourage les propriétaires à isoler leurs biens. Mais les retailers observent des réticences chez les propriétaires : « Ils renvoient à la loi et se contentent d’appliquer l’indexation. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement d’intervenir. »
D’autant que la crise énergétique n’est pas la seule préoccupation des commerçants. La confiance des consommateurs est en chute libre, le prix des matériaux explose et une indexation des salaires pouvant atteindre 10% est imminente. « Nous ne parviendrons jamais à répercuter ces hausses des coûts sur le consommateur. »